27 LES REFORMES D ISAAC COMNENE 61
parait plus comme basće uniąuement sur l’arbitraire et la violence 93. Xćanmoins, pour cet auteur, 1’abdication d’Isaac Comnene serait due en premier lieu a des « miracles » qui l’ont impressionnó et ont amoindri sa Yolontó du pouyoir 94.
Un peu plus tard, dans la seconde moitić du XIF siecle, un autre historien, Michel Glykas, reprenant la meme ąuestion, ne s’ócarte pas trop du ton gćnćral qu’il rencontre dans les sources antórieures. Selon lui, en effet, Isaac Comnóne dut renoncer au tróne & la suitę de signes cćlestes evidents, comme la foudre qui tomba sur l’arbre sous lequel 1’empereur se reposait et le sanglier enragó qui faillit letuerau coursd’une chasse, signes dój& rapportós par les sources antórieures 95. II considere necessaire de souligner qu’Isaac Comnene a renoncó ^un tróne occupć injustement, de son plein grć 96, et, un peu plus loin, il invoque comme une explication possible les accusations qu’il s’est attiróes pour avoir dóclenehó la guerre civile, róduit les pnvileges sónatoriaux et confisquó les biens monasti-ques 97. II est intóressant de souligner qu’une chronique de cette ćpoque, para-byzantine il est vrai, & savoir celle de 1’Ajmenien Matthieu d’Edesse, est de meme nettement defaYorable a Isaac Comnene, probablement sous 1’influence de l’atmosphere gónórale qui se dógage des sources byzantines. Yoici comment le chroniqueur armónien commente l’effigie de 1’empereur sur ses monnaies : « Comnene donna l’ordre de frapper des monnaies en son nom et ou il ótait reprósentó avec un glaive sur l’ópaule, car, disait-il, c’est aYec mon epće que j’ai conquis la couronne». II offensa Dieu par ses paroles orgueilleuses et commit bien d’autres actions qui le rendirent coupable envers les chrótiens »98. C’est dans le meme sens qu’il exphque l’abdication : «En l’annće 507 (7 mars 1058—1059) il abdique en faveur de Doucas, parce que les óvónements que nous Yenons de rapporter lui avaient prouvć que son regne n’ótait pas agróable a Dieu, irritó de ce qu’il avait rópandu le sang innocent de tant de fideles »99.
C’est & peine au bout de cent ans, au XIII* siecle, que cette atmo-sphere hostile commencera & se faire moins sentir. Lorsque le chroniqueur Ephraimios se rófere au regne d’Isaac Comnene, c’est sans user autant des critiques injurieuses que ses prćdócesseurs 10°. Presque au meme moment, l’auteur anonyme de la Breve chronigue de l’annee 1261, traitant du regne
83 Zonaras, III, p. 668-670.
84 Zonaras, III, pp 672 — 673.
86 Glykas, pp. 602-603.
84 Ibidem. « ...y.al TTję P<x<nXeiaę, rję aSJy.coę £7reXaaeTO ixov e? LdTOCTOtt... ».
87 Ibidem.
8i Matthieu d’Edesse, op. cit, pp. 104 — 105.
88 Matthieu ćTEdesse, op. cit, p. 106.
100 Ephraimios, pp. 140 — 142.