3 LES REFORMES D’ISAAC COMNENE 37
un semblant de rćforme administrative remplaęant les «curateurs» de 1’ordre sćnatorial par d’autres choisis parmi les fonctionnaires publics — « .. - Aux curateurs sćnatoriaux ii prćfćra des curateurs publics, ces gratte-papier qui poussent dans tous les bureaux...»* — ne pouvait qu’ćloigner de lui 1’ordre sanatoria!, malgrć toutes ses libćralitćs du dćbut et de la fin de son regne : fait illustrć entre autres, par la rćbellion de Theodosios, neveu de Constantin Monomaque. Celui-ci tenta d’empecher 1’intronisation de Michel l’Ancien, ce qui prouve que l’opposition contrę ce dernier ćtait constituće des le dćbut. Etant donnć que le rćgime de Michel l’Ancien n’a bćnćficić d’aucun appui de la part de l’ćlćment mili-taire, il en rćsulte que 1’ćlćment civil ćtait loin d’etre uni, les uns ćtant pour le nouyel empereur, les autres contrę lui. Cette situation se perpć-tuera, en fait, durant tout le regne de Michel l’Ancien1 2 3 4. C’est surtout sa politique malheureuse & l’ćgard du corps militaire qui devait lui alićner aussi l’armće, ce troisieme support du pouyoir, suiyant la dćfinition de Psellos, et celui justement dont les ćyćnements ultćrieurs deyaient rćvćler 1’importance prćpondćrante.
Dans cet ordre d’idćes, la clef des ćvćnements qui ont amen^ la chute du rćgime de Michel 1’Ancien nous est peut-ćtre rćvćlće par l’affron-tement particulierement yiolent qui eut lieu peu de temps aprćs son ayćnement entre les reprćsentants du palais, ayant a leur tete le basileus lui-meme, et ceux du corps militaire, dont le chef ćtait Isaac Comnene. Psellos, qui fut prćsent a la scene, ne peut — en la dćcrivant plus tard — cacher sa stupeur devant l’attitude de l’empereur : « .. .Alors qu’il eut fallu les prendre l’un aprćs l’autre et dćbuter par des paroles impćriales et gćnćreuses, lui, il se mit d’abord a les injurier bassement en bloc »5 — et cela malgrć le fait que les reyendications des militaires ne prćsentaient rien d’excessif. Pour sur, celles-ci ćtaient de naturę variće : les unes — d’ordre strictement personnel — basćes sur les mćcontentements des commandants militaires, bien dćcidćs a ne pas se laisser gruger dans la distribution des bćnćfices •, les autres — d’ordre public — proyenant du peu d’intćret accordć par les rćgimes antórieurs aux nćcessitćs militaires. Dans ce sens, il faut considćrer l’affrontement des mihtaires et de l’empereur comme un facteur de premier plan dans la cristallisation de l’antagonisme entre les deux groupements politiques, antagonisme
• Skylitzes-Cedrenus, ibidem ; Zonaras, pp. 654, 655 — 656, v. Gfrorer, op. cit., III, p. 187 ;
G. Schlumberger, UEpopie Byzantine a la fin du Xe siłcle, Paris, 1896 — 1903, III, p. 772, en ce
qui concerne le commentaire des soi-disant rćformes de Michel VI.
Zonaras, IV, p. 184, v. J. B Bury, Roman Emperors from Basil II to Isa ak Komnenos, dans Selected Essays, Cambridge, 1930, p. 201.
1 Psellos, II, p. 84; Skylitzes-Cedrenus, II, pp 615 — 616; Zonaras, III, p. 654 — 655, v. H. Gelzer, Abri/3 der Byzantinischen Kaisergeschichte, chez Karl Krumbacher, Geschichte der byzantimschen Litleratur, 2C 6d.. Munich, 1897, p. 1005.