LACTANCE 4t
Le philosophe sMnlerrompt ponr pousser, dans son livre de Mor-tibus persccutorum, Ic cri de dćlivrancc, et se faire Thistoricn des justices do Dieu.
Reprenant alors avec plus d’ardeur et de libcrte sa grandę ceuvre d’exposition rationnelle de toute la doctrino chrelienne, il essaye, comme Chateaubriand au lendcmain de la revolulion łranęaise, d’achever sur le terrain des idees la reconciliotion que le Ciel vient d’accomplir avec les pouvoirs politiques: c’est Tobjct des sept livres des Dwincs Inslilulions, qui furcnt, pourrait-on dire, pour 1’ćdit de Milan ce que le Genie du chrislianisme ful chez nous pour Je Concordat.
Enfin, dansun petit opuscule, qui peut otrę considere comme un cłiapitre des Divines Inslilulions 1’auleur, sous cc tilre energique De Ira Dei} s’applique a la fois a reluler Terreur des ćpicuricns, qui representaient Dieu comme indiflerent a tontes les choses humaines, et cclle des sloicicns, qui, en admet-tant en liii la bon te ó 1’ćgard des justes, lui refusaient la justice par Iaquclle il vrnge la (ransgression dc ses lois : c’est, comme on le voit, la these doctrinale dont il avait deja monlre 1’appli-cation dans son livrc sur la Mori des persćcuteurs.
Ce sonl la les quatro ouvrages qui nous reslcnt de Laclance chrelicn : nous nous bornerons, dans ce volume, a l'elude des deux premiejs.
On peut dire en generał des ecrifs de Laclance ce que nous venons de dire du plus imporlant d’entre enx. Son but seml>le avoir ete d’acclimater en quelque sorte dans les ecoles la doc-trine de Jesus-Christ. De la cette teinie pbilosopbique que gardę toujours son exposilion, et qui n’a pas ete sans nuire parfois k la rigoureuse exactitude de langage que reclament les dogmes chretiens: c’est, du moins, ce que lui reprochait saint, Jeróme, d'ćlrc plus habile d refuler nos adversaircs qu’d eta-blir nos propres doclrincs 1 2.
Mais ce qu’on peut admirer en lui sans reserve, surtout, remarque avec raison un de ses recents traducteurs, « si Ton veut faire attenlion au siecle ou il vivait, c’est la noblesse de son style yraiment digne des beaux jours d’Augusle, je ne sais quoi de magnifique et d'elćgant qui lui a merile de Ja part de ce meme Jeróme, le litterateur le plus distingue de son temps, le litre de Ciceron chretien titre que la posterite a confirme.
citó au vol. des HumanHćs.)
3 « Lactnntius, quasi ąuidani flu-viii8 eloąuentise Tullianre. » Ubici.)
Voir ibid., 1. ii, c. 18.
« Utinam tam nostra affirmarc potuisset, (jnam facile alicna de-itnucitl » (Ep. 5, ad Paullnum;