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Kant dont rćternelhonneurest d'avoir professć dans les chaires de la philosophie allemande, le principe depuis si raćconnu que ce n’est pas la morale qu*il faut subordonneralapolitiąue, raais la politique Ma morale, Kant flśtrissait dans la guerre la primaute de la force sur le droit: or, comme il savait qu’il est dans la destinee de 1'humanitede marcher au contraire vers lapriraautś du droit sur la force, et que telle est sa tendance souvent bien lente, mais toujours persśvćrante, il voit dans l'avenir se former une grandę confćdśration d’Etats libres, dont tous les membres se garantiront mutuelle-ment contrę les maux de la guerre ;
Le passć meme n’ćtait pas sans quelque influence sur la confiance que lui inspirait l’avenir. Un jurisconsulte d’une grandę erudition et d’un merite distinguś, M. Rolin-Jaequerayns, s’exprirae ainsi: « Lorsqu*au mi-lieu des guerres et des exces de la rćvolution franęaise, Kant formulait a son tour un * projet « de paix perpe-tuelle, » sa pensće se reportait avec regret« sur une « confćrence diplomatique que Ton avait vu se former « k la Haye pendant la premiere moitić du xviii* si&cle. « et qui avait pour but de lixer les formalites et les « rfcgles du droit intcrnational, k 1’ógard de la conser-« vation de la paix. A cette confćrence prirent part « les ministres de la plupart des Cours de 1’Europe et < meme des plus petites rćpubliques. De cette maniere « se formait daus toute 1’Europe un Etat fćderatif dont € les membres ont soumis leurs diflerends k 1’arbitrage « de cette confórence, comme leur souverain juge. « Depuis cette ćpoque, le droit des gens est restó dans « les livres des publicistes comme une lettre raorte, « sans influer sur la conduite des cabinets, oii il a dte « invoquć en vain, apres les maux inseparables infligćs « par 1’abus du pouvoir dans des deductions abandonie nćes k la poussiere des archives. *
Le philosophe do Kcenigsberg devait avoir un auxi-liałre inattendu. Tandis que les deux chefs cćlebres de 1’ćcole de la justice absolue et de l’ćcole utilitaire ćtaient divises sur 1’origine du droit de punir et les fondements de la pćnalitó, ils venaient a la meme epoąue se rencontrer et s’unir sur le grave problerae de l'arbitrage International.
L’śconomi$te Bentham, en effet, en partant du point de vue de 1’utilitć, arrivait k la meme conclusion que le moralistę Kant, celle de substituer 1'arbitrage k la guerre pourle rśglement des conflits internationau*.
D’accord sur le principe, ilsserapprochaient enbeau-coup de points surTemploi des moyens; car lesystfeme de Bentham ne se distinguait gufere k cet egard de celui de 1'abbć de Saint-Pierre et de celui de Kant par le raćrite de Toriginalitó, lorsqu,il donnait pour rnission k sa dibte, composće de tous les peuples ciyilisós, de rćgler les conflits qui surgiraient entreles peuples con-federćs en basant ses dćcisions sur un codę internatio-nal perfectionnó, consacrant dans son texte tous les usages introduits par le mouvement progressif de la civilisation. Pour assurer d'abord a la sentence arbi-trale rautoritćd’une sanction morale, Bentham voulait que cette tendance reęut la publicitó la plus ćtendue et la plus solennelle, et si TĆtat condamne nevoulait pas se soumettre & cet appel k la conscience publique, 1'emploi des contingents fournis par les autres Ćtats devait garantir l'exócution de cette sentence.
11 faut neanmoins reconnaitre a Bentham le raórite