Relations politiques et culturelles : sources et documents
OCTAVIAN ILIESCU
Parmi les nobles preoccupations que la Renaissance inspira aux esprits eveilles, on petit evoquer — sans doute non pas en dernier lieu —la yive attraction pour les anciennes pieces de monnaies. En effet, dans le courant plus genśral marquś par la redócouverte de l’antiquite grśco-romaine, les monnaies anciennes, plus nombreuses et plus variees que les autres monuments de l’art antique, ont rapidement conquis, des la fin du XIIIe siecle\ 1’attention des gens lettres dont Pótrarque fut l’un des premiers 1 2. On commenęa de les collectionner et ćtudier avec beau-coup cTintśret 3; parfois, des artistes s’adonnerent & les copier ou menie inventer4. Ce sont surtout les monnaies frappśes par les empereurs romains, gr&ce & 1’infinitó de leurs effigies et & 1’admiration pour Romę et son bistoire, qui ayaient gagnś de bonne heure le gout de cette śpoque.
Dans les pays roumains, situes un peu & l’ecart des centres europe-ens d’ou rayonnaient les idćes innovatrices de la Renaissance et, d’autre part, sujets sans cesse aux yicissitudes dśfayorables de leur bistoire, les prśoccupations dediśes au rassemblement et a 1’ótude des monnaies anciennes ont pśnetrś plus tard. C’est d’abord en Transylvanie qu’elles se fra-yerent leur chemin, sous le rśgne du roi de Hongrie Matbias Corvin
La chroniąue de Padoue, sous la datę 1274, fait mention d’un grand trćsor de pieces d’or antiąues, dćcouvert dans le jardin de PHótel-Dieu, k Padoue, et indiąue le modę dont il fut partagó entre les inventenrs, l*óv£que, le Podestat et ses officiers et PHótel-Dieu ; voir Chronicon Patauinum, dans Murator!, Antiąuttatcs Italiac, ód. de 1741, t. IV, col. 1146, ap. Ernest Babelon, Traitł des monnaies grecques et romaines, Irc partie, t. Ier, Paris, Ernest Leroux, ćditeur, 1901, col. 74. Ce dernier auteur estime que les pi&ces provenant de cette trouvaille ont ótć fondues (ibid.) ; k notre avis, il serait difficile de concevoir que ni Pćveque ni le Podestat n’eussent gardę intacts quelques exemplaires, considćrćs comme pieces de curio-sit6 et constituant les bases d’une collection numismatiąue.
Ernest Babelon, op. cit.t col. 83 — 84.
8 Ibid., col. 84 et suiv.
L*exemple le plus illustre est celui du graveur italien Giovanni Cavino dit le Padouan, nt k Padoue en mai 1500, mort k Padoue le 5 sept. 1570, qui imita et parfois inventa des sesterces et mćdaillons de bronze des empereurs romains; sur son cenvre, voir notamment L. Forrer, Biographical Dictionary of Medalists, Burt Franklin, New York, 1970 (reprinted) I, p. 223 — 230, ; VII, p. 168, s.v. CAVINO, GIOVANNI, cf. Karl Pink, Gold Mćdaillons o] Lysimachus and Kindred Forgeries, dans « Numismatic Chronicie », 1937, p. 73 et suiv.; W. Schwa-bacher, Tva Lysimachos-mtdalyoner av gnid i Kungl. Myntkabinettet Stockholm, dans « For-vannen », 1944, p. 291—299; Octavian Iliescu, Les «tetrastatźres * de Lysimaquet trouućs d Baia Marę, dans « Studii clasice *, 10, 1968, p. 87—92.
REV. £TUDES SUD-EST EUROP., XVIII, 1, P. 3-12, BUCAREST, 1980