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dont les interets politiąues et sociaux sont les plus opposes a ceux des marabouts. Ce sera 1’occasion pour ces derniers de "pro-fiter de leur pouvoir pour constituer des ilots de prosperitę ou affluaient les talibe et les khor, esclaves, boeufs, chevaux, etc, qui sont des cadeaux obtenus par intimidation et chan.tage, si ne-cessaire des utilisateurs.
Dans tous les royaumes et principalement au Cayor, la su-periorite morale et l9independance economiąue, la croyance en la suprematie de la regle coraniąue vont conduire nombre de raarabouts a passer a 1'action politiąue et meme a la violence afin de faire prevaloir leur option. Ils ont, en outre, le sentiment d9etre les protecteurs naturels de populations victimes des spoliations des esclaves royaux animistes (les tiedo), paysans qui recherchent dans une conversion a 19 Islam un cadre de vie mieux adapte. Remar-quons que 1’adoption des regles musulmanes perturbe beaucoup moins la vie du badolo chez qui la filiation matrilineaire*et les . principes de succession ont peu de place en comparaison de‘la no-blesse, ce qui explique que fort souvent la conversion de ceux-ci precedera celle de ceux-lk de plusieurs decennies. Enfin les ma-rabouts purent frequemment compter sur 1'appoint de seigneurs me-contents tels le Bar Guet Sakhewere Fatma Diop, et sur leurs echanges matrimoniaux avec certaines grandes familles, et sur l*alliance avec les Maures et les Toucouleurs (A. Bamba . Diop
(1960) p. 500/502).
Cet etat d*esprit aboutit a plusieurs importantes revol-tes. Au XVIIe siecle une coalition aboutit a la bataille de Khel-lere (en 1683 selon A. Bamba Diop). Au XVIIIG siecle, ces tenta-tives se developpbrent avec l9aide des maures (bataille de NfGan-gara) avec les toucouleurs (coalition de 1’Almany du Fouta avec le Bourba Djolof qui aboutit h leur defaite a Boung Klioye). Enfin les principaux marabouts furent extermines a la bataille de Thiakhrew et se retirerent dans la presqu,ilo du Cap Ver.t.
Toujours selon A.B. Diop, la derniere tentative musulmane se situe sous Birima N9Gone Latyr en 1863. Elle est connue sous le nom de la coalition de Louga qui Ibut battue par le pfere du Damę 1 regnant, le teigne du Baol Macodou. Mais a l*epoque ou Lat Dior demier Damel, mais souverain musulman perdait le trone et la vie a la bataille de Dekhele, "l1Islam a profondement sapę les fondements de la royaute dont 1’autoritó s9est amenuisee k l9oc-casion des frottements" (A.B. Diop ( ) p. 506).
Lat Dior fut le heros cayorien de la resistance active. Mais le fait qu9il fut converti k 1*Islam enveloppa d*un halo na-tionaliste les activites de tous les marabouts et en particulier de celui qui l*avait assiste dans les dernier instants (Amadou Bamba , fondateur du Mouridisme).
Dans les autres royaumes, 1’opposition ne fut pas aussi tranchee entre marabouts d9une part, pouvoir royal de l9autre, mais l9intervention franęaise mit fin k cette tension perpetuelle en eliminant le pouvoir politique. L* Islam śtant dans l9irnposs,i-bilite de deboucher sur une theocratie a cause de la presence etrangere, se limita au plan strictement religieux. Mais il etait la derniere force de contestation d9un type de civilisation qui s9eteignait et apparut ainsi aux yeux de tous comme le symbole de