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Les conflits de frontiires en Mauritame et dans la Corne de VAfrique
A notre sens, 1’apport le plus dćcisif k la connaissance des conflits de frontiires est foumi par la sociologie politique. Elle seule peut rćpondre i un certain nombre de questions que 1’internationaliste est nćcessairement conduit k laisser dans Pombre, en nieme temps qu’elle complite les rćponses souvent partielles des juristes. Cet apport concerne des problemes aussi essentiels que les causes profondes des conflits de frontiires et leur dynamique, c’est-i-dire la faęon dont ils ćvoluent et trouvent (ou ne trouvent pas) de solution.
Les causes des conflits
Sur le plan methodologique, Pinfirmite de la sociologie politique provient de la multiplicitć des thćories imaginćes pour rendre compte des causes des conflits. Trop de richesse nuit...
Ce n’est pas le lieu de passer en revue ces thćories. Compte tenu des observations gćnćrales formulćes in limine, nous pensons que, pour rendre compte de faęon satisfaisante des conflits de frontiires, il faut dćpasser les explications partielles. Par exemple, une explication commode, qui dispense d’une recherche plus approfondie, consiste k rendre ce qu’on appelle de faęon pćjorative le « tribalisme » responsable des conflits. II y a certainement quelque chose de vrai dans cette explication, mais elle est partielle et donc partiale.
Nous pensons que seule une explication globale est rćellement satisfaisante. En eflet, une des lois fondamentales de la connaissance nous parait etre la loi de 1’unitć des phćnomines, le principe de totalitć. Encore faut-il que cette totalitć soit dćgagće comme une totalitć concrite, et non pas, comme c’est le cas dans le cadre de 1’analyse systćmique, une totalitć abstraite, sans prise sur la rćalitć. Pour notre part, nous considćrons qu’il faut mettre en ceuvre le concept de formation sociale, qui englobe tous les aspects d’une socićtć dćter-minće, constituee ou non en Etat souverain. Ce concept implique en eflet la dominance d’un modę de production, et donc une base ćconomique, caractć-risće par un certain type de rapports de production, mais aussi une superstruc-ture (institutions, droit, systime de valeurs, religion, etc.).
Seule la prise en considćration de cette totalitć peut permettre de donner une explication globale des conflits, car elle dćbouche finalement sur la naturę sociale de 1’Etat, qui est i la racine de sa politique, aussi bien intćrieure qu’extć-rieure. Encore faut-il ćviter une utilisation dogmatique du concept, qui aurait pour consćquence de privilćgier les facteurs socioćconomiques. Ce qui relive de la superstructure posside une influence non nćgligeable. Bien plus, il faut reconnaitre aux facteurs superstructurels une certaine autonomie d’action, meme si, en derniire instance, la base socioćconomique est dćterminante. Autrement dit, il ne faut jamais perdre de vue les relations et les interactions