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encore qu’il ne menaęait, n’ćtait point venue aux portes acclamer sa dćlivrance. Quelques milliers de sectaires, forts de Pintrepiditć sauvage de la haine, disciplinćs i la faęon des brigands, grossis par un certain nombre de jeunes gens que Pon arrachait aux universitćs pour les jeter, la bayonnette dans les reins, sur le champ dc bataille, coinmenęaient ce jour - li cette gucrrc absolunient diabolique, que vingt ans d’universelle indignation n’ont point encore arrfitće. A coup sur, deux brigades franęaises auraient large-ment suffi a balayer cette ćcume ; mais jeter nos soldats dans Romc pour y reinporter une victoire de barricadcs, cćtait sacrifier les tresors religieux et artistiques de la Catholicite, c’ćtait rendre au Yicnirc de Jesus-Christ un trónc baigne de sang et enlourć de ruines ; le tomheau de Saint Pierre voulait etre reconquis avcc respecl. Une bataille allait donc etre livree sous les murs.
» Pendant que Pon deWiberait au camp des fidclcs dćfenscurs de PEglise, et dans cclui de ses cnnemis jures, une autre deliberation avait lieu dans une ino-deste chambrc dc la rue Pie di Manno. La pensee d’intervenir dans la lutte sanglante surgissait simul-tanenient au ctrur de quatre ou cinq jeunes honnnes qni ne devaient y apporter <juc les armes dii prótre, le droit divin d’ouvrir le ciel au repentir. On ni’a dit et je le crois sans pełne parce que je connais i fond chacune de ces iities, que Pinitiativc de cet hćro!que dessein. renouvelć des plus beaux jours de Phistoire chrtHienne, appartint i un autre breton. Toujours est-il quc le dangereus honneur de Pexecuter fut ró-clamć par notre Martial, et confie d’une seule voix a sa courageuse inlelligence. II court au Quirinal, devcnu le palais de Mazzini. Introduit en presence du dictateur. il demande un sauf-conduit pour ses compagnons et pour lui-inómc; Franęais, il a le droit de sorlir de la ville assiegec ; pretre, il veut olTrir les
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secours de son ministćre k ses conciloycns. On lui rćpond (fue la prudeńce ne permet pas d’envover k 1’ennemł des hommcs qui peuyent le renseigner sur 1’ćtat de la place. « Eh ! hien, > s’ecrie-t-il en parlant k son intcrlocuteur son propre langage, « 1'aniour dc y 1’humanitć ne connalt pas de drapeau ; vous aurez » des morts et des blesses ; laissez-nous aller les se-y courir ; nous serons vos infirmiers et votre ambu-y lance. » Sa parole, son ‘regard aussi fermc quc sa parole, ce regard dont vous avcz tous connu, mes frćres, Pirresislible puissanre, avaient ehloui et comme fascine le despotę de la rĆYolution ; il ćcrivit quclqucs lignes ; il signa : nous avons vu ces lignes et cette signature.
> Quelques heures apres, on yoyait quatre jeunes hommes en soutane. portant deus civiłres sur leurs ćpaules, s’acheminer vers Punę des portes de Roine, et bientót atteindre le champ de bataille, oii sifTlaient dćjśi les bal les des rebelles et celles des defenseurs de la Papautć. Avec le futur archeveque de Port-au-Prince, il y avait un autre franęais, eveque et mis-Nsionnaire (1) ; les dcux autres ćtaient belges, aujour-d’hui 1’amour'et 1’honneur dc 1’Eglise plus encore que de leur pays (2). I/un recevait, il y a dix jours, le dern-er soupir de son frćrc d’armes, et cćlćbrait k Romę ses premi&rcs funćrailles ; 1’autre traversait hier la Bclgique et la France, pour venir au rnilieu de vous, mes chers frćres, reclamer la place qui lui appartient aupres dc ce cercueil.
* Garibaldi vit apparaltrc au niilieu de la mćlće cet etrunge cortćge. Stupćfait, il arrdte son cheval. Martini. le front haut, s’avancc et lui prćsentc 1’ordre de celui dont il est le bras armć. 11 lit ; il se tait ; puis il se dćcouvre, et flxant sur ces yćritables pretres un
(1) Mgr Lmjticl. ćvćqur d'H£sebon.
(2) Mgr de Merodc ct Mgr cU Woclmont.