S’agissant de Zamoramys extraneus PELAEZ-CAMPOMANES et al., 1989, formę par ses inventeurs comme un possible Chapattimyidae (attribution contestee par Hartenberger 1993) pouvant etre & 1’origine dc tout ou partie de la familie des Theridomyidae (Vianey-Liaud et al. 1994, Pelaez-Campomanes & Lopez-Martinez 1996; v. ci-dessus, discussion sur le genre Hartenbergeromys nov.), notre opinion est que la plupart des caracteres dentaires originaux observćs sur les six specimens figures, et notamment la M1'2 sen. SCL-11 (L = 1,35 mm; 1 « 1,60 mm), correspondent bien £ ceux dćfi nissan t le genre Corbarimys MARANDAT, 1989. Ainsi:
— la formę particuliere de la P4;
— 1’aspect massif et globuleux de 1’hypocóne et du metaconule sur les M1'2;
— la bonne connection de 1’anterolophe au protocóne sur les M1'2;
— la forte reduction, voire 1’absence du bras antćrieur du protoconide sur les Minf;
— la presence d’un ectolophide fin mais complet sur les Minf;
— la forte individualisation de 1’hypoconulide sur le cingulum posterieur des Minf;
sont autant de caracteres parfaitement compatibles avec les tendances evolutives observees au sein de la lignee C. paisi nov. comb.-C. hottingeri, caracteres reliant donc 1’espece extranetis & Corbarimys.
S’agissant de Protadelomys nievesae PELAEZ-CAMPOMANES, 1995, nous avons montre par ailleurs combien cette espece differe des autres especes de Protadelomys decrites a ce jour (Escarguel 1998a). En fait, les caracteres morphologiques qui la dćfinissent sont incompatibles avec la lignee phylćtique incluant 1’espćcc type de ce genre, P. cartieri d’Egerkingen. En revanche, cette formę, dont le poids moyen peut etre estimć a 30-35 g., nous semble presenter quelques affinitćs morphologiques avec Zamoramys extraneus, et consequemment avec le genre Corbarimys. Ainsi, la M2 et les deux M3 figurees (Pelaez-Campomanes o.c.: PI. 2, fig; 8-10) montrent une morphologie tres proche de la M2 SCL-10 et de la M3 SCL-24 de Z. extraneus. De m6me, les deux M1'2 figurees (Pelaez-Campomanes o.c.: PI. 3, fig; 6-7) sont tout a fait comparables & SCL-11.
D’un autre cótć, il est egalement tentant de rapprocher Protadelomys nievesae de la sous-famille des Remyinae HARTENBERGER, 1973, et notamment du genre Remys THALER, 1966, avec lequel il partage des molaires infórieurcs relativement semblables, sans bras anterieur du protoconide et a hypoconulide nettement individualisć.
Faut-il voir dans ces quelques comparaisons les indices de l’existence d’une lignee phylźtiąue proche de certains Ctenodactyloidea asiatiąues, lignee propre k 1’Eocene inferieur et moyen du Sud de 1’Europe et liant les deux chrono-especes de Corbarimys (C. paisi et C. hottingeri) a Z. extraneus, puis P. nievesae, et peut-etre a 1’origine des Remyinae? A ce stade, un materiel plus abondant est necessaire pour pouvoir esperer dćvelopper plus avant cette hypothese aux implications systćmatiques et phylogenćtiques multiples - dont celle impliquant la diphylie du sous-ordre des Theridomorpha LAVOCAT, 1955, du moins si l’on maintient la sous-famille des Remyinae au sein des Theridomyidae.
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