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leme precis a 1’occasion d’une invitation a la conference ou au colloąue dedicace au collćgue qu’il estime. Ces ecrits sont marąues par la reconstruction minutieuse de ce que 1’auteur lui-meme avait presente, c’est-a-dire l’exploration des noms et des notions, de leurs sources linguistiques, de la variete de leurs contextes de connotation, des difficultes a parvenir jusqu’a 1’essence (ontoś) a laquelle les noms-notions auraient du adherer. Ces ecrits se distinguent aussi par leur extraordinaire charme intellectuel car, avant tout, a leur interieur, dans la meme personne se heurte un historien eminent des idees philosophiques avec un philosophe original dans sa vision et com-prehension du monde. C’est ainsi que Ton touche a ce qui est essentiel. Derrida est connu premierement {prima facie) comme “deconstruc-tioniste”, mais chacun implique a cette “carte de visite” un autre sens. II faut se tenir a ses declarations — la deconstruction n’est ni theorie, ni methode, ni meme une sorte particuliere de Panalyse; c’est, en effet, la pensee a 1’interieur de la pensee heritee, misę en evidence du flou et de Timprecision notionnelle des philosophemes, c’est amener la reflexion sur les fondements ontologiques, epistemologiques et ethiques a sa fln, alors c’est de demontrer tant de puissance que d’impuissance du Logos, c’est la misę en question de 1’autorite de toutes les categories primordiales comme substance, arche et telos, mimesis, for interieur etc. parce qu’il n’y a, dans ce domaine, aucune constatation deflnitive et tout cela reste au niveau des indecidables. Qui pose la question concemant la verite, la bonte et la beaute devrait se rendre compte, selon Derrida, qu’il ne trouvera pour les examiner aucune pierre de touche. Et en meme temps, la reflexion derridienne tout en demasquant le logo- et phonemo-centrisme, c’est-a-dire la conviction qu’il y ait des elements absolus, elle scintille justement par les etincelles indestructibles aux conflns de Tabsolu inaccessible. Les meilleures pages de son oeuvre sont consacrees a la lutte contrę ce qui est indicible, contrę 1’element divin, cótoyant la theologie negative, a la limite du geste apocalyptique (comp. p.ex. ses considerations concemant Oherminischer Wandersman d’Angelus Silesius dans son livre Sauf le nom de 1992). Puisque la deconstruction consiste en manoeuv-res subversives au sein du discours traditionnel, la reflexion de Derrida reste toujours dans le cercie des “questions maudites” qui demeurent irresolues mais on ne peut pas y echapper.

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