79
un materiau aussi peu coGteux que la terre cuite au Moyen-Age. Aussi bien faut-il ici chercher a mettre en rapport les pratiques de 1’artisanat potier avec les prix des metaux et les dates d*exploitation des mines avec la disponibilite des materiaux. Et les donnees historiques orientent ici 1'analyse archeologique. Dans les ensembles ceramiques retrouves sur le site d*Essertines, en effet, et stratigraphiquement releve$, on ne trouve pour ainsi dire pas de glaęure au plomb avant la deuxieme moitie du XIVe siecle, et pas du tout pour la periode precedente. Archeologiquement parlant, le cuivre n’apparait, a Essertines, qu'au XVe siecle en ąuantites infimes et dans un but strictement decoratif : sur les motifs app!iques de pichets. Les seules giaęures, portant sur a peine 5% du mobiiier, sont celles de pichets de table, "luxe" modeste de la tour du castrom. La premiere moitie du XVe siecle et surtout la seconde voient cette tendance se renverser. La glaęure, en un premier temps ornementale, devient aussi utilitaire : eile couvre, partiellement, 1‘interieur de recipients globulaires destines a la cuisson des aliments. On atteint alors 15% du mobiiier. Au debut du XVIe siecle, pres du tiers des pots sont giaęures et au XVIle, plus de la moitie du vaisselier est glaęuree, fonctions decoratives ou utilitaires confondues, et la glaęure, auparavant posee "a Peconomie", partielle et en fine pellicule, s*observe desormais nappee et abondante. L*utilisation du plomb s'est vulgarisee. Historiquement parlant, le plomb est deja accessible aux potiers regionaux des 1266 : il apparaTt soumis au peage dans la charte de la ville de St Galmier53. Mais a la m&me datę et pres d*un siecle plus tard encore, il n'est pas cite dans les peages de Montbrison, Ja ville de marche la plus proche du site (9 kms de distance). U fallait donc aller le chercher plus loin. Ce qui expliquerait pourquoi, fin XIVe siecle encore, les potiers des alentours de Montrbrison ne glaęuraient au plomb qu'exceptionnellement. 11 faut bien sOr se garder d’oublier que 1’achat en quantites de poteries glaęurees depend aussi du niveau dfaisance des consommateurs.
Autre question, qui decoule des precedentes constatations : y aurait-il deux provenances, toutes deux regionales, aux ceramiques presentes dans le mobiiier d'Essertines ? Les pots non giaęures provenant de Montbrison et les pichets ornes plut&t de St Galmier ou d'ailleurs... Pour la premiere fois, semble-t-il, en mai 1390, une "grosse" quantite de plomb parvient a Montbrison : 80 livres qui proviennent de la minę recemment ouverte a Bussy. En juillet, deux chars apportent le reste du metal obtenu dans l’extraction. Mais le plomb est trop cher : 14 deniers tournois la livre (quand un pot vaut moins dłun denier); au debut du XIVe siecle, a Bonlieu en Forez, ii ne vaut que 4 d.t. et a Pampailly en 1455, 5 d.t. seulement : on arrfcte les frais. Le plomb ne semble donc accessible a Montbrison que de maniere ponctuelle et son prix ne le sera au potier qu*avec l*exploitation systematique des mines de 3acques Coeur. Au-dela, la situation ne change plus, archeologiquement p>arlant, quel que soit le contexte economique. Aux XVIIe-XIXe siecles, la familie de Blumenstein, les Mrois du plomb**, exploite tous les gisements foreziens. Une dizaine de mines au moins sur la seuie concession du Forez ; on est alors loin des 80 livres de la minę de Bussy s au debut du XVIIIe siecle, on retire 300.000 livres des mines du Forez et