19 LA FONDATION D£ L'«ACAD£M1E GRECQUE» DE BUCAREST 133
dans YHisioire de la Valachie ou dans la Genealogie 55, il ne le pouvait pas dans un acte d’Etat. Mais dans ce cas la ąuestion se pose de nouveau : ou, a-t-il pris cette information dont il se sert pour modifier 1’introduction de 1’ordonnance de 1763 et pour attribuer a son ancetre la fondation de l’« Acadśmie »? Nous essayerons d’śclaircir ce fait dans les pages qui suivent.
En tenant compte de tout ee qui prćcede, ainsi que de la constatation qu’aucun document eontemporain n’atteste §erban Cantacuzino comme fondateur de l’« Acadćmie» princiere, nous opinons que la modification introdnite par le ban Cantacuzino dans 1’ordonnance reproduite au chapitre sur les ćcoles a śtć faite par esprit de familie et pour des intćrets de familie, intćrets suscitós surtout par la guerre rusbO-turque de 1768—1774 68.
En effet, a cette ćpoque, les Cantacuzenes, le «ban» en tete, repren-nent leurs anciens liens avec la cour imperiale russe 67, dćclenchant une grandę agitation politique : ils rćdigent des mómoires, ont des pour-parlers avec les Eusses et avec les Autriehiens, forment des gouvernements de guerre, levent des troupes, luttent et ćprouvent mśme une lourde perte par la mort heroique de Pirvu, le frere du ban. Si grandes ćtaient les illusions cróśes par cette guerre, que le ban jugea meme le moment venu pour affirmer energiquement sa qualitś de descendant de 1’ancienne dynastie imperiale byzantine 58.
Dans les memoires envoyćs aux Eusses par le parti dont il ćtait le chef róel, le «ban» se montre prćoccupś aussi par le probteme de l’enseignement. Apres les requetes concernant la reconstitution de 1’armśe nationale et la suppression des enclaves turques, on notę celle ayant trait a la fondation d’« Acadćmies des Sciences, metiers et langues »59, ainsi
55 C’est a ce moment que se produiscnt, tant en Valachie qu'en Moldavie, les fameux faux pour les soi-disant «capitulations Dans le parli valaque, Ienachi^a VScirescu passe pour etre Tun des « faussaires », Cest a lui qu’on attnbuc la confection des actes de soumission de Mircca et de Laiola; v N. Iorga, Istoria romdmlor, vol. VII, Reformatom, Bucarest, 1938, pp. 281 et 283 Cf. le memoirc adresse k Orlov le 30 aoftt, ancien style, avcc de pareils actes, dans Genealogia Canlacuzinilor, pp. 492 — 495. Pour les faux de Moldavic, v. Const. Giurescu, Capitu-lafulc Moldouei cu Poarta otomana, Bucarest, 1908. V. aussi G. G. Florescu, Uaspect juridique des khatt-i-chćnfs Contributions a Uctude des relations de lJEmpire ottoman avec les Principautćs roumaincs (Extraits des Studia et Acta Orientalia, I, 1957, pp. 121 — 147), Bucarest, 1958 En realite, ce genre de Iaux ne sont pas Toeuvrc dłun seul homme, mais celle d'un groupc d% mitićs » qui a commcncć a agir, probablement sur unc suggestion russe, móme avant la guerre russo-turque, ąt dans lequcl Mihai Cantacuzino jouait un róle impoitant.
5# N. Iorga, Commćmoration des deux cent cinquante ans depuis la fondation d9une Facultć des Lettres ó Bucarest, Bucarest, 1928, p 3; du mćnie, Istoria romdmlor, vol. VII, Reformatora, pp. 276, 281 — 282. Ilie Corfus, In legdturd cu opera lui Mihai Cantacuzino, Rev. Ist. Rom., XVI (1946), pp. 129-141.
67 Victor Papacostea, Istoria Romdmlor (cours lilhographie) 1939—1940, p. 475 — 481 ; C. §crban, Legdtunle Stolmcului Constantm Cantacuzino cu Rusią, extrait du volunie Studu §i articole de istorie, vol. II, Bucarest, 1957, p. 242.
M Mihai Cantacuzino, Genealogia Cantacuzimlor, p. 24.
5f Ibidem, p. 535.