3 LA FONDATION DE L'«ACAD£MIE GRECQUE» DE BUCAREST 117
santos Notaras, Nichiforos Teotochis, Evghenios Youlgaris et tant d’autres, sont les ślśments grace auiąuels on verra, petit a petit, se róaliser un en-seignement «moderne », fondś sur la libertś de la pensće et sur 1’ćtude des Sciences positives (gśographie, physiąue, mathśmatiąues, Sciences naturelles et astronomie).
Mais les professeurs grecs n’auraient pu rćaliser un tel enseignement, si grandę qu’eut ćtó leur passion pśdagogiąue et didactiąue, s^s n’avaient disposś des conditions tout a fait speciales que leur offraient 1’śtat de demi-indśpendance des pays Eoumains, un elimat de plus grandę libertś intórieure, 1’appui de la sociśtó et surtout la gónćrositć de certains princes rśgnants. Aussi les nouvelles ścoles du XYIIe siecle, qui pratiquaient un enseignement humanistę, philosophique et scientifique, portaient-elles le nom « d’ćcoles princieres », ćtanC patronnćes par le reprćsentant du pou-voir temporel — le prince — et entretenues du trósor de l’Etat ou meme de celui du prince. II y aura, sans doute, de nombreuses dśrogations ou dśyiations dans ce systfeme, ainsi que des carences dans 1’organisation de ces ćcoles, surtout dans les moments de crise financiere, malheureu-sement si frćquents. Tres souyent, il est vrai, on eut recours a 1’óglise et au clergć, qui possśdaient des biens et des reyenus immenses, pour l’en-tretien de ces ćcoles. Le patronage princier ne cessa pourtant jamais de s’y exercer effectivement, sans opposition grave de la part de l’ćglise. C’est ainsi que le processus de laicisation de 1’esprit et des programmes, dont les premieres manifestations s’enregistrent en Yalachie des le com-mencement du XVIIe siecle, ne cessa de progresser, parallelement aux conquetes idćologiques et scientifiques. Meme si l’on ne i)arvmt pas a une sóparation formelle, le lien ayec l¥glise faiblit- de plus en plus, ne pouvant empecher dorćnavant 1’śyolution que nous venons d’esquisser.
C’est vers la fin du XVIIe siecle que fut fondće, & Bucarest, au mo-nastere de Sf. Saya, une de ces «ćcoles princieres », une «Acadómie» greque comme on 1’appelait couramment, qui, au point de vue de 1’ensei-gnement et, en gśnćral, de la eulture intellectuelle, amena la prineipautś valaque a un niveau europćen ł. Une ćcole semblable fut fondće dans la
1 Un grand nombie des professeurs avaicnt fait leurs etudes dans les umversites italiennes et allcmandes, comme on le vcrra dans ce qui suit, v pour Tinflucnce des premiers, Mano Ruffim, L'influ.cnza ilahana in Valaclua nclUcpoca di Constanun Vod& Brdncoueanu, Milano, 1933. N. Iorga, dans Istoria tnuufómlntuliu romdnescy Bucarest, 1928, p 42, croit que les fondatcurs ont suivi le modele padouan. Cl. Tsurkas, dans Les dtbuls dc Venseignement philosophiquc et de la librę pensće dans les Balkans, La vie et V<xuvrc de Iheophile CorydaUe (1563 1646), Bucarest,
1948, p. 115, croit que le cycle de la philosoplne anstotćlicnne — qui ćtait cnseignć k Bucarest et Jassy, vers la fm du XVIIe sifccle, dans 1’interprćtation de Thćoplulos Korydalcos doit fctre considćrć « comme le commencement de notre ratlachement ó. la noiiucllc cwilisahoncuropóenne >; le m6me voit dans Torganisation — tant k Bucarest qu’A Jassy — Tinfluence de rAcadćmie constantinopolitainc, qui avait, elle aussi, subi 1’influence de rUniversite de Padouc (ibidem, p. 61).