Prenons pour modćle de cette beautć Ethel, une actrice splendide de 1 'Attentat. Epiphane nous la dćcrit comme une « fće » romantiąue, un « ange gardien, une muse, une madone ». Pannonique de YAcide sulfuriąue incame aussi la beautć absolue - les adjectifs « sublime, gracieuse et digne » et les noms choisis « la beautć, la noblesse, la grace » suggćrent que sa beautć sourd de son ame, de son esprit. Elle fascine le kapo Zdena et la met mai a 1’aise par une force spirituelle intćrieure : les beautćs visible et invisible se rejoignent. A la fin, Zdena accuse les tćlćspectateurs en disant: « Si vous n ’etiez pas de tels neants, vous ne trouveriez pas intolerable l ’existence de celle ąui a de la substance ! »5
Mercure a une hćroine double : histoire de 1’emprisonnement d’Adćle Langlais angćlique (v. le contrepet de ce nomen omen Langlais - Angćle -Adele) par le vieux Capitaine pervers se rćitćre aprćs trente ans avec une jeune filie d’une beautć indicible et supraterrestre dont le nom est Hazel. Sa beautć apparait « une ou deux fois par gćnćration. » Et de nouveau, sa beautć est dćcrite comme 1’incamation des reves humains et par un langage analogue au discours du classicisme. Cependant la description reste plutót vague : « Parce que je n ’ai jamais vu un visage aussi sublime. Parce qu ’une telle beautć est rare et choque ceux qui la voient. »1
Puis il y a un groupe de femmes qui possćdent cette beautć olympienne sublime, mais dont 1’intćrieur est diabolique: c’est une Nippone Fubuki Mori de la Stupeur et tremblements qui est la personnification de la
beautć extreme-orientale, mais qui se comporte en traitresse. Les autres
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vanations peuvent etre repćrćes en Christa d'Antechrista et en Marina, une jeune ćtudiante des Combustibles, qui est trćs fićre et violente.
Amćlie Nothomb renoue a la tradition classique occidentale qui commence a l’antiquitć et culmine au classicisme franęais: pour Iui,
1 essence de la beautć est la sublimitć. Nous voyons que la Belle
Nothomb, A.: Acide sulfuriąue. Paris, Albin Michel 2005, p. 180-181 Nothomb, A.: Mercure. Paris, Albin Michel 1998, p. 170