echappe a la morsure du temps. »60 Le laid se manifeste par la decheance | physiąue irrevocable. « La laideur et ses derives sembleraient, bel et bien, | attester une fascination specifiąue de Pirremediable. »61 La creation artistique , tache de situer 1’homme hors de cette realite temporelle, d’elever la finłtude I terrestre envers d’une infinitude d’ordre spirituel. « Tout se passe comme si I / fartiste donnait naissance a un autre monde, un monde ou, desormais, la \finitude humaine, puisąuen definitive c’est bien d’elle ąuil s9a git, n a plus i d’importance. »62 La conception de Gagnebin atteint la metaphysique : i «Signe en l'homme de la plus haute vocation, la laideur surgit ainsi, \ paradoxalement, comme la ąuintessence de son humanite. »63 Elle considere| la confrontation avec le laid dans Part comme une impulsion a la| transcendance; le laid, memento mori, pousse Phomme a travailler soni
L« salut >l_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ ,
La seconde parution de la Fascination de la laideur apres seize ans contient un chapitre complementaire dans lequel Gagnebin reformule sa these du point de vue de la psychanalyse. La peur de la mort incarnee dans la laideur y est expliquee comme un analogon de Pangoisse de castration.
5.4 L^abjection,
« Degout d’une nourriture, d’une salete, d’un dóchet, d une ordure.
Spasmes et vomissements qui me protegent. Repulsion, haut-le-caeur qui m'ecarte et me detourne de la souillure, du cloaque, de rimmonde. (...) Sursaut fascine qui m Ky conduit et m en separe. »
La deuxieme monographie essentielle pour notre travail argumente aussi de la psychanalyse. Nous quittons la conception etroite du laid et passons au champ plus large, a Pesthetique du degout et de 1 abjection. Le
Gagnebin, M.: Fascination de la laideur. L'en-deęa psychanalytique du laid. Seyssel, Champi
'yallon 1994, p. 132
1 ibid. p. 267
I ibid. p. 175 1
' 64 . 0 '
— s [PMyoirs deJ^rreur^Essaj^surl'abjection. Paris, Seuil 1980, p. 10
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