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Au Compte rendu Analytique du Senat
(Voh n<» 821, 822, 823, 824 des 25 avril, 2, 9 et 16 mai 1930)
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juiqu’au 28; le 25, matinće
AU CASINO
PROGRAMME SENSATIONNEL i
Joe Alex, Karry Ysoye, le tćnor Morrisson, les Singa-pour Boys, etc. ^
JOSEPHINE BAKER dans
set danse* celebro*. ^
Prćsentatlon
LANVAL et MARROY
De 75 i 10 francs Location ouverte
Dans le Petit Bleu, od nous općrions alors, nous nous amus&mes & relever, pendant ąueląue temps, aa moyen de Lorthographe phonćtique, Vaccent de terroir de plusieurs sćnateurs. Ces notations flxaient avec fidć-liii les singularitis raciques rćgionales ou personnelles du langage de 1’honorable opinant. Le baron Ancion, par exemple, sśnateur de Huy-Waremme, nous don-nait des ćchantillons vraiment joyeux du franęais eon-druzien. U disait « du suk brutt' » pour snere brut, u un nik » pour un nigre et, pour parler de douze trains rapides♦ parlait de « douce rapits ». U disait: « il faut mett* ęa t’hors » et s'adressant au gouverne-ment prononęait: « ch‘ prie M'sieu le miniss ». Au contraire, les sćnateurs d’Anvers, ouvrant des « d » infinis et liant la pdte de leurs mots disaienl: « kidd-dekaraat dds » pour qui datę de quarante ans: « dzoffi-cićtrrangćzaborr » pour des officiers ćtrangers & bordi une « klóoce » pour une clause.
On devrait user du phonographe pour conseruer A nos arriire-nev.eux Laccent mćme, le nasillement, le chantonnement. le zćzaiement des orateurs. Ils y re-connaitraient toute la reprćsentation d‘une province ou d'un arrondissement pour peu que ces dćformations leur aient ćtć familiires. Ne souńons point: c’est A ces traits qu'un pays prend et conserve conscience de lui-mćme.
Cet accent local est comme un certiflcat d'origine, une attestation de la sinciritć de lorateur. Tenez, le docteur Branquart... Rien de plus savoureux que son accent hennnyer. Ecouter un de ses discours, c'est se promener A Braine-le-Comte un apris-midi de ker-messe ou un soir de fćte carillonnće.
Toute la bonne humeur wallonne, toute la force de persuasion du provincial disert et gaieinent brave est dans sa parole. Je Jais ici une petite digression, car Branquart est dćputć et non sćnateur, mais son cas est typique. Un jour, A Paris, vers 1923, un diner franco-belge avait rćuni deux cents convives. II y a des iours od on n'esl pas en train. On ne Ićtait pas ce soir-lA. Un orateur avait ennuyi 1'asśistance par d'interminables discours et on en ćlait A ce moment pćnible ou, comme dit le poite latin, on a beau se chatouiller, on ne rit pas: on n'a plus que le dćsir d'etre ailleurs. La soirće allait s’achever dans un sau-mdtre marasme, quand quelqu‘un s[avisa de crier: « La parole est A Branquartl » C'ćtait la premiire fois que Branquart parlait A Paris devant une assemblće od les Franęais ćtaient plus nombreux que les Belges. Dis les premiires paroles, les Franęais dressirent 1'oreille, amusćs. attentifs, tout A coup conquis par cet orateur qai disait avec un accent si amusant des choses si si-rieuses et si prenantes — et Von fit un triomphe au bon gćant wallon qui renouuelait Vćloquence de la table par des procćdćs aussi sympathiquement belges, aussi sympathiquement franęais: le terroir wallon avait ou-vert la voie, rompu la glace, rćueillć les ferueurs assou-pies: et certes ce soiwenir doił ćtre demeurć cher au cceur franęais et wallon de Branquart^
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