74
Ce film s’ouvre sur une sćquence prć gćnćriąue qui pose la problematiąue : la ville d’Oka veut construire un termin de golf sur les terres mohawks et une partie de la pinede; a 1’ombre des pins centenaires reposent les ancetres mohawks dans le cimetiere dont Templacement est convoitć par la ville. Rapidement, alors que les Indiens bloquent 1’acces aux terrains, la police (Suretć du Quebec) intervient, des coups de feu sont echanges, il y aura mort d’homme (caporal Marcel Lemay) et 1’escalade inevitable s’enchaine, les Mohawks fortifient leurs positions, 1’armee est appelee en renfort pour cette longue guerre d’usure qui durera soixante dix-huit jours jusqu’& la conclusion de la crise, c’est k dire la reddition des Mohawks qui, malgre une defaite sur le terrain, s’en tirent tout de meme avec les honneurs du combat.
La structure du film est simple, basee sur la chronologie des evenements qui se sont dćroules pendant la crise. Obomsawin a construit le film k 1’aide de plusieurs sources de materiel filmique; au generique ce ne seront pas moins de neuf cameramans crćditćs pour leur participation au projet. Obomsawin elle-meme sera derriere la barricade avec une petite ćquipe de 1’ONF et le monteur, Yurij Luhovy aura 1’immense tache de monter ce film k partir de plus de deux cent cinquante heures de materiel. Les images sont pour la plupart de qualitć reportage joumalistique: on filme 1’action, ou il y a 1’action, on favorise le contenu a Testhćtisme de Vimage. Le resultat donnę une impression de rćalite, de cinćma-verite. La vćritć auquel le spectateur a droit est la verite d’Obomsawin, qui assume le parti-pris de son point de vue.
Ce cinema subjectif auquel nous fait participer Obomsawin, a sa genese dans la mouvance Griersonienne de 1’ONF. II ne faut pas s^tonner que 1’auteur nous fasse participer de sa vision militante du monde, en delaissant les principes esthetisants du cinema au profit de son contenu diegćtique et de son aspect informatif.