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ibn AbdiUah Pecevi Alaibegović (mort en 1651), qui savait le hongrois, langue par l’intermćdiaire de laąuelle il pouvait accćder aux sourcea latines.
On connait la place importante qu’a tenue le facteur sud-slave — et bo8niaque en premier lieu — dans la vie politique de la Porte. Un nombre impressionnant de grands-vizirs, parmi lesquels le renommć Mehmed Pacha Sokolli (Sokolović, en fonction de 1565 a 1579), dtaient de cette origine ethnique. U ne semble pas qu’un jeune musulman de Bośnie, plein d’ardenr intellectuelle rencontrat plus de diffieultśs qu’un Anato-lien pour accdder a de hautes ćtudes. Le fait est que, pour cela, il devait prendre le chemin de Stamboul. Une fois en possession des titrea convoitćs, il pouvait revenir dans son pays, comme Hasan ibn Turkhan al-Kafi al-Aghisari (Prusćak) professeur et cadi a Pruśac (m. 1616), ou comme Mustafa Ejubović, dit Sheikh Jujo, mufti de Mostar (m. 1707); mais beaucoup d’entre eux restaient a poursuivre leurs ćtudes ou ćcrire dans d’autres parties de 1’Empire, plus favorisśes sous le rapport du climat intellectuel. Si la Bośnie et l’Herzógovine ont partieipć a la culture ottomane, leur contribution a consistd en un contigent d’in-tellectuels distinguśs plutót qu’en des centres de hautes śtudes.
En dehors des zones de culture islamique et souvent en interfó-rence avec celles-ci, d’autres territoires culturels sont dignes d’etre men-tionnćs chez les Slaves du Sud orthodoxes, chez les Serbes catholiques, en Croatie et en Dalmatie64. Ragusę, 1\< Athenes sud-slave», connait justement au XVII6 siacie, jusqu’au terrible tremblement de terre de 1667, un e pćriode de remarquable essor, marquće par les oeuyres de Iovan Gundulić, Gjion Palmotić et Ignacij Gjorgjić.
Plus au Sud, 1’Albanie, malgrć de minces zones de culture occi-dentale maintenues grace au catholicisme, dtait pratiquement noyde dans 1’islamisme 65. On doit a Eyliya Tchelebi la seule description d’une certaine ampleur de ce pays pour l’dpoque qui nous intćresse 66. Vers