YIRGIL CANDEA 224 44
mśdiśvales de la pensee de rintellectuel sud-est europśen108, en ce qui concerne ses liens avec la doctrine chrśtienne orientale le divorce ćtait d’ores et dśja consommś. Son attachement devient de plus en plus formel. II se maintient encore sur le plan des manifestations secondaires d’ordre social-moral et culturel et peut, dans des situations-limites, donner lieu a des professions de foi dramatiąues. Cependant, sauf de rares exceptions, dues a des rśactions restauratrices, comme celle athonite (Isicodeme 1’Hagiorite) ou celle moldaye (Paisij Velickovskij) de la seconde moitić du XVIII' siecle, les intellectuels sud-est europśens commencent a ignorer les fondements profonds d’une doctrine dont ils ayaient śtś les derniers interpretes et gardiens.
LINTELLECTUEL SUD-EST EUROPŚEN. 2. LE FONDS ETHIQUE
Omnis mutaiio est ąuaedam mors. . .109. La perte d’une doctrine qui avait rśglementś de faęon autoritaire tous les secteurs de la vie indivi-duelle et sociale ne pouvait qu’entratner de profondes modifications dans les manifestations dśrivćes. L’ćvolution de la pensśe occidentale avait sacrifió les conceptions thćocentriques, tout en sauyegardant une ćthique laicisśe, mais puissante, grace a la soliditć de sesprincipes touchant 1’homme, la personnalitś humaine et les droits de 1’łiomme. Sśparśe de la religion, la morale m6ne une existence propre, basśe sur l’intelligence des lois universelles ou sur l’observation empirique de la naturę humaine. Pour les Orientaux, en ćchange, la situation śtait, au XVII' siacie encore, a la fois plus simple et plus compliquśe. Ici, en effet, le problfeme des rapports entre la doctrine et l’ćthique, entre la foi et la conduite, avait toujours ćtś rćsolu par des criteres communs a la thśorie et a la pratique. La conception chrćtienne engendre un ensemble de regles de vie chrć-tienne, une christoitie. Ces regles ne sont pas concevables sans leurs racines doctrinales : si la racine meurt, la tige puis les fruits se dessfcchent a leur tour.
108 Cf. & cet ćgard C. Th. Dimaras, Ol XFł)°|A°‘ l^aę la-ropla (Les oracles
dans notre histoire nouvel)e), dans «’ExXoyt) *, 3 (1967), pp. 196 sqq., ainsi que Eugen Stanescu dans deux de ses ćtudes : Valoarea istoricó literard a cromcilor muntene (Valeur histonąue et littćraire des chroniąues valaques), dans Cronicari munteni (Chromąueurs vala-ques), ćd. W[. Gregorian, vol. I, pp. CXVII —CXVIII et, particulićrement, Cronica „Isto-riile domnilor Jdrii Romdneęti” §i locul ei tn istonografia medieualó romdneascd (La chro-nique «Histoire des princes de Valachie * et sa place dans rhistoriographie mćdićvale roumaine), dans Radu Popescu, Istoriile domnilor Jdrii Romdneętl, ćd. Gonst. Grecescu, Bucarest,l963, p. XL.
108 S. Thoma d’Aquino, Summa (heologica, I, qu. 50, 5 ad 1, citant S. Augustin, Contra Maziminum, III, 12.