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qui a commence a constituer la cćlebre bibliotheąue de Stinca, connue a travers toute laMoldavie pour la valeur et la richesse de ses collections1.
Dans la maison Rosnovanu de Jassy, 1’śducation des enfants śtait confiśe a des prścepteurs franęais 2. Ce sont eux qui ont ćlevś Nicolae, le fils ainś du trśsorier 3.
On ignore par quelles circonstances le jeune aga de 24 ans est arrivś en France; il se pourrait que, en dehors de sa soif de connaissances, des raisons de santś l’y aient poussś 4. Gest ainsi que s’expliquerait peut-etre la prśsence a ses cótós du dr Eusta^iu Roiła, qui fera par la suitę une belle carriere mśdicale en Moldayie. En juillet 1818 les deux se trouyaient a Lunśville, en yisite chez 1’abbś Lhommee.
Grace a son excellente connaissance de la langue et de la culture franęaises, le jeune boyard moldave trouva dans le Paris de la Restau-ration une ambiance dans laquelle il ne se sentait guere dśpaysś5. Le ton dśgagś de sa correspondance avec des personnalitśs en yue de la vie politique et culturelle franęaise, la suretś et la maturitś d’esprit dont il fait preuve dans ses jugements sur les evśnements de France, les idćes que suscitent en lui 1’analyse de ceux-ci contrastent avec le choc subi au contact de cette meme civilisation par d’autres yoyageurs roumains contemporains, tels que Dinico Golesco et Petrache Poenaru.
Les relations de son pere avec les diplomates russes lui ouvrent le salon du comte Capodistria et, par la, ceux des cercles aristocratiques et intellectuels de Paris 6. Quant aux premiers, les relations du jeune aga de Jassy n’ont pas dśpassś le cadre strictement mondain, mais pour ce qui est des seconds, il a nouś des liens serrśs et fertiles.
Nourri des idśes libśrales du XVIII' siecle, Nicolae Rosetti-Rosno-vanu a liś, ainsi, une amitiś intime avec M. A. Jullien, ancien Jacobin,
Voir a ce sujet Cornelia Papacostea, O bibliotccó din Moldoua la Inceputul sccolului al XIX-lea. Biblioleca de la Slinca (Une bibliotheąue moldave du coinmencement du XlXe siecle. La bibliotheąue de Stinca), « Studii §i cercet&ri de bibliologie *, V (1963).
En 1815, un certain o Flori » — probablement Flury — y ćtait engagć, avec un salaire annuel de 4.570 lei, & quoi s’ajoutait 300 lei pour son domestiąue ; d’autres ćtran-gers ćtaient le cuisinier Iosif et le jardinier Miller : voir Gh. Ungureanu, Chelluielile unei mari case boiereęli din laęi In anul 1816. Casa Roseth-Rosnouanu (Les dćpenses d’une grandę maison de boyards de Jassy en 1816. La maison Rosetti-Rosnovanu), Bucarest, 1956.
Nć en 1794, Nicolae occupe de bonne heure des digmtćs importantes : on le rencontre comme grand spathaire en 1812, aga en 1815 et 1818, puis ayant le titre de trćsorier depuis cette annće jusqu’en 1851. II meurt un an avant 1’union des Principautćs (R. Rosetti, op. cit., I, pp. 121-123).
II a reęu des soins mćdicaux du dr Alibert, « mćdecin ordinaire du roi d, dont il con-tinuera de suivre les prescriptions apr^s son retour en Moldavie. Arch. d’Etat de Bucarest, Achizitii noi (Nouvelles acąuisitions), fonds Rosetti-Rosnovanu, CCLIV/72.
Nous ne savons pas sur quoi se fondent R. Rosetti et, apres lui, Olga Constantinescu, lorsqu’ils affirment que Rosnovanu aurait fait des ćtudes k Berlin et k Paris ; 1’affirmation de Bois le Comte de 1834 n’est pas confirmće par les sources documentaires.
Ro>novanu se donnę le titre de prince et, introduit par un Sturdza — peut-£tre Mihail Sturdza — ii frćąuente les cercles royalistes. II a d’abord habitć k l’« Hótel des Hautes Alpes », puis 14, rue Richelieu (ibidem, CCLIY/73, CCLIII/35).