3 PRfiOCCUPATIONS CULTURELLES CHEZ N. ROSETTI-ROSNOVANU 233
partisan de Eobespierre et de Babeuf, ralliś maintenant aux libś-raux 1 2 3 4 5 6 7 8.
Cette intimitś assez inattendue entre le revolutionnaire de 1793 et le grand seigneur moldave fut bśnófique pour ce dernier. Par Jullien, en effet, Eosnovanu pśnśtra dans le cercie de ceux qui, au nom des lumifcres ou du romantisme, ceu-yraient pour relever la condition humaine a 1’aide de la culture et, en particulier, de 1’education.
La diffusion en France du systóme lancastśrien d’enseignement avait abouti, en 1815, a la crśation d’une « Sociśte pour 1’enseignement ślś-mentaire», dont Eosnovanu devint membre en 1818; a sa demande et k la proposition du dr Eolla, faites au cours de la sśance du 11 no-vembre, la Sociśtś ślut śgalement comme membres Veniamin Costache, mśtropolite de Moldayie, et les śveques de Eoman et de Huęi9.
L’enseignement habituel, aussi bien que le nouvel enseignement mutuel, furent un objet permanent de prśoccupation pour Eosnovanu durant son sśjour a Paris; on le trouve assistant a la solennitś de distri-bution de prix a un institut de gymnastique et a des soutenances de thóses de doctorat 6s lettres au « Collage de Plessis »10 11; il prend part a des sśances de la Sociśtś et reęoit «a son hotel» les materiaux publićs par celle-ci. L’un de ces ścrłts reprśsente un essai d’introduction de 1’enseignement lancastśrien dans 1’armśe franęaise; on y fait 1’śloge d’un instituteur parisien qui a instituś des cours du soir pour domestiques et ouyriers adultes. Le texte prend fin sur la recommandation suivante : « Nous croyons devoir recommander cet exemple a votre attention ». Ainsi qu’on le verra par la suitę et aussi ćtonnant que cela puisse paraitre, le grand boyard moldave n’est pas restś sourd a cet appel.
Par Capodistria, qui l’a d’ailleurs poussś a ćtudier 1’enseignement mutuelu, Eosnovanu pśnetre dans les cercles philhellónes d’Europe. Au cours d’une visite a Londres, il fait la connaissance de lord Guilford et du neyeu de celui-ci, Fredćric Douglas. II restera en correspondance avec le premier meme apr^s son retour a Jassy, Guilford le tenant au courant de ses efforts pour creer une universitć dans les ileś Ioniennes et de son actiyitś en rapport avec 1’enseignement mutuel12.
Impliąuć dans le proces de la conspiration des egaux, Jullien se sauve en fuyant
& Milan ; sous ['empire, il occupe differentes fonctions militaires apres quoi, en 1813, il est
destituć pour avoir ćcrit un mćmoire contrę le despotisme. Sous la restauration il est en dis-
gr^ce en tant que libćral. Aprćs 1817, il se consacre au journalisme et fonde « La Revue
Encyclopćdique », qu'il enverra rćgulierement en Moldavie k son ami Rosnovanu.
9 Le prćsident de la Socićtć annonce ^ Veniamin Costache qu'il a ćtć 61u, le 15 no-
vembre (ibidemt CCLX/4). Des lettres ayant la móme teneur furent expćdiees aux deux eve-
ques (ibideniy CCLX/5 —6).
10 Ibidem, CCLIV/65, CCLX/2.
11 Ibidem, CCLIII/85.
12 Ibidemy CCLIV/100. Contrairement & Petrache Poenaru, qui manifeste un ćtonne-
ment naif pour tout ce qu’il voit en Angleterre, Rosnovanu ćcrit sur le ton d'un habituć