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rcprćsentations populaires ont persiste chez nous, dans Je pays de Vannes spćcialement, jusqu’en plein XIX* siacie; et lon peut dire qu'elles n’ont subi un arrćt momentanć que pour retrouver bientót une vita-litć nouvelle.
D’autre part la matidre fournie par 1'histoirc locale ici est particuliórement riche, — sans parler, bien entendu, des scAnes ćvangćliques qui ne sont ćtrang&res nulle part: ce sont les apparitions de sainte Annę, dont le merveilleux se suffit k lui-móme, et dont la misę en scóne moderne, avec ses ressources varićes, pourrait se borncr a reproduire la vćritć : — ce sont les ćpreuves de Nicolazic, qui font voir, dans ce mystique d’une haute saintete, un homme d’action d’un bon sens et d’une ćnergie peu commune; — c’est la conver-sion d'un Kćriolet, dont la vie pleine de contrastes oftre un sujet ćmincmment dramatique ; — ce sont des miracles, ou l’intervention de sainte Annę dans les moments dśsespśrós atteste sa puissance autant que sa bontć...
A la basilique le pdlerin a prić; il sest trouvć sous 1’influence surnaturelle des sacrements et de la parole divine; il a entendu rappelcr les tendresses ineffables de Dieu pour les hommes, cxposer les origines et les raisons d’6tre de cette Dćvotion, raconter quelques-uns des innombrables secours que l*on obtient dans ce lieu bćni ; dćsormais il peut sen retourner chez lui, son pAlcrinage est fait.
Mais si en outre il s’est rendu k l’une de ces reprć-sentations qui mettent sous les yeux soit le mystfcre de la Redemption, soit les apparitions de sainte Annę, soit une conversion ou une guórison merveilleuse, il sen ira l’&me remplie d'images et d’ćmotion, comme s’il avait, pour ainsi dire, assistć aux óvónements eux-mćmes.
Et lon voit ainsi qu’6 la diffćrence des spectacles vulgaires, dont on ne peut que regretter la prćsence dans un lieu de Pardon, le thćAtre de Sainte-Anne est h mćme de donnernux pfelerins des jouissances rćelles sans les distraire nullement de leur recueillement et de leur pićtć.
On a renoncć ó ćtablir ici un thćAtre en plein air, k cause des variations de notre climat, trfcś frćquentes móme en ćtć. D’autre part, la salle devait ćtre assez vaste pour recevoir un grand nombre de spectateurs. Enfin il fallait disposer la sc&ne de telle sorte que les figurants pussenl s'y mouvoir h 1'aisc.
A toutes ces exigcnces I© thóAtre de Sainte-Anne a rćpondu de la manierę la plus satisfaisante. Du reste, pour lc construire, on s’est inspiró des progres prdcd-demment rćalisćs par les thć&tres religieux d'Oberam-mergau et de Nancy. — II a trois scfcnes juxtaposćes, qui peuvent servir simultanćment k des rcprćsenta-tions distinctes, mais qui peuvent se rćunir en une seule pour une reprćsentation unique. Son avant-sc6ne trfcs large permet dc dćvelopper, en dehors de 1'enceintc toujours un pcu ćtroite de la sc6ne elle-m£me, les dćfi-Ićs hićratiques ou populaires.
Le thćAtre de Sainte-Anne a du premier coup acquis une juste cćlćbritć : le caractóre des pióces toutes ćcrites en langue bretonnc et spćcialcment compo-sćes pour ćtre reprćsentćes ici. le jeu des acteurs qui sont des gens du peuple, la richesse des dćcors, l’am-pleur de la misę en scfcne: voil& ce qui lui a gagne les suffrages des amateurs, et qui contribuera k le rendre de plus en plus populaire (1).
(1) Consulter la Reoue Morbih*nn*ite au sujet de la popularitć et de la persistance du tht&tre populaire en Bretagne.
Lc nom du thć&tre breton de Sainte-Anne est Hoariya.
La salle raesure 40 in. sur 23; et Pon peut y faire asseoir 2500 spectateurs. La surface utile de la setne ne eompte pas moins de 70 mc. la largcur totale des trois scćnes est de 24 m.; la profon-deur de la setne centrale est de 10 m.
Le crtateur de Poeuvre c*est M. Cadic, qui en a eu l‘initiativc et en a dirigt les constructions.
A defaut de reprtsentalions dramatiques. cc thtttre est aussi trts souYent utilist pour les grandes rtunions populaires ou musicale6.