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n'en ont pas une connaissance directe, comme dans le cas de Franca au sujet du geste pose par sa soeur, est exprimś en droit par deux catśgories de temoins: les temoins ade visun qui śtaient presents, et ceux dits ade auditu" qui ne font que rapporter ce qu’ils ont entendu raconter.148 Cette nścessaire distinction dans rśvaluation de la preuve condult le juge a questionner le tśmoin sur la maniere dont il a pris connaissance des faits rapportes. Certaines des questions suggerees par les traites sont utilisees par les juges de Manosque des 1260 et sont d'usage courant au milieu des annees 1280. C’est ainsi que le juge questionne le temoin afin de savoir comment il a pris connaissance de la cause, Ouomodo scit?'4*, et s’il a vu ou entendu les parties presentes. Par exemple, au sujet d'une altercation qui se serait produite dans la saunerie, Sancia temoigne: “...dixit idem per omnia ut W. Albus maritus suus, safvo hoc quod de verberatione et percussione facta in personna dicti Thome, dixit quod nesciret dicere auia non fuit presens. nisi de fama et auditu...”.'50 Son tśmoignage a donc moins de poids que celui de son mari qui precise qu’il a vu et entendu les parties presentes.
La recherche tres detaillee dont font preuve les exposśs des traites n’est sans doute pas comparable aux quelques questions formulees a 1’intention du temoin a Manosque. Neanmoins, le meme esprit semble habiter la procedurę en place ou les questions suivent une !og/que simila/re a celles des traites qui cherchent a rendre de plus en plus prścise Tinformation obtenue. On tente egalement de dśterminer 1’heure et le jour ou ont eu lieu les faits rapportes et de 14SSur ces regles de base entourant les temoignages, voir J. Ph. Levy, La hierarchie des preuves, p. 68-71 et 1‘article de Marguerite Boulet-Sautel, uLa preuve dans la France coutumiere du moyen-age", la Societe Jean Bodin pour J’histoire comparative des institutions, La preuve: recueils de la Sociśtó Jean Bodin pour rhistoire comparative des institutions, tome XVII, 2e partie: Moyen Age et Temps Modemes, Bruxelles, Editions de ła Librairie Encyclopedique, 1965, p. 303 et suivantes.
l49Cette question est suggeree dans le traitś de maltre Egidio afin de mener 1'interrogatoire des temoins. Incipit tractatus editus a magistro Egidio super causis civilibus et criminalibus, article XXXI. De interrogationibus, qui fait suitę a De productione testium et De iuramento. Ed. par L. Wahrmund, Quellen zur geschichte des Rómisch-kanonischen prozesses im Mitte/alter, I, VI, 1962, p. 10.
IS056H 946, f. 59, 21-09-1260.