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batelicr consente & le prendre et & le descendre jusqu'& Redon.
I*e service qu'il sollicitait lui fut accordć de bonne gretce.
Le moyen de locomotion le plus dćsirablc pour un cul-dc-jatte qui ne po\ivait ni marcher ni monter k cheval, etit ćt<$ sans doutc de continuer son voyage par eau jusqu’au bout; mais la Providence ne devait pas lui donner cette satisfaction.
A Redon il ne trouva aucun bateau. Or, au bout de huit jours ses ressources ćtaient ćpuisćes; et k son infirmitć s’ajoutait maintenant la nćcessitć d’aller de porte en porte mendier sa nourriture. Toutefois il avait 1’air si malheureux, d'autre part il paraissait si rćsignć qu’il ne tarda pas& devenir $ympathique aux habitants. Tout le mondc finit par connaltre son histoire et son projet. Son arrdt dans cette viIle se prolongea pendant un mois et demi.
Au bout de ce temps, aucune barque ne se prćsen-tant pour le recevoir, il se dścida k voyager autrement.
. Un saulnier, qui rentrait k la Roche-Bernard,consen-tit k lui rendre service : « Je vais te hisser sur ma mule, lui dit-il, et nous voyagerons de compagnie. » Ce qui fut dit fut fait. Mais, comme le pauvre paralytique ćtait incapable de se tenir en <*quilibre, le saulnier 1’appuyait tout le long de la route. Et ils arriv6rent sans trop d’encombre k la Roche.
Ici y aura-t-il du moins quelque bateau en partance pour Auray ? ?
Non, pas plus qu’& Redon. Mais il eut la bonne fortunę de trouver un voyageur qui solTrit complaisam-ment k le prendre sur sa mule jusqu’& Gućrande. « Viens avec moi, lui dit-il, ii n’est pas un saulnier comme moi qui refuse de te conduire ensuite jusqu'au portdu Croisic. Etau Croisic les bateaux ne manquent pas pour aller dans toutes Jes directions. »
Judeaux, malgró ses rćpugnances, dut accepter cette . offre, quoique le voyage dans ces conditions fOt pour
Igi un vćritable martyre. Et c’est ainsi qu’il parvint, Dieu sait au prix. de quolles souffranpes, k Gućrande, puis enfin amCroisic, .* , . i •
Ii,&„il se crut nu bout de ses peinesp
La- paroisse,8’apprótait ńifaire un pdlerinage& Sainte-Anne d’Auray ; et il ne doutait pas qu'il n y edt pour lui-mdme une petite place dans l’un des. bateaux de la flottille.
II se trompait, Toutes les places ćtaięnt retenues a l’avance ;,e*j il, en pleura do chagrin. « Et; pourtąnt, disait-il k tout lo-monde, si je pourais, ar.river, l&?bąs, je suiastir que je serais gućr.i! »
Comme.k Redon, on fut: pria de compassion k son dgard et par charitć on fini.t par lui accorder une place dans le coin d’une barque.
La tiaversóe fut heureuse. Mais, nouv.elle difficultć eni anrivant au, port de. SaintrGoustan-Auray ; tandis-que les autros.pdlerins allaient franchir rapidement.la grandę lieue qui les sdparait encore du terme du voyage,. coniment. le pauvr.e Judoaux r.estd seul en arrióre pourrart-il se tralnor jusqufa la chapelle?
Sainte Annę qui await, k chacune des ćtapes, vetllć. sur lui depuis son ddpart.ne Tabandonna pąs au der.-nier moment.
Un paysan, revenant du marche d’Auray, le prit en croupe sur son cheval, ćmu de compassion peut-ćtre, heuroux aussi de se rendre agrćable k la bonne Mór.e sainte Annę en transportant j,usqu,,a sa.ęhapolle un. de. ses pólerins malheureux.
C’est: ainsi qu’apr£s un long voyage de soulTrances et dangoisscs, Adrien Judeauxarriva enfin, le 8ao<U,tG29, a 1’endroit bdni od il comptait bien trouver.la gućrison.
* Pour commencer il prit le plus.sńr moyen de gagner, le coeur de sainte Annę : il se rendit directement k. sa chapelle, s’y confessa.ct communia.
Puis il interpella les pauvres de 1’endroit : « Je ne suis pas plus riche que vous;je ne vous paierai pas; je vous demande pourtąnt un service. Venez neuf
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