L image simpliste du lravailleur. iouet de ses rythmes biopsychologiques. actil le jour et sans grandę eflicience la nuit. ne correspond qu'6 une partie des apporls coosiderables de la chrono-bioiogie. H ne s‘agil pas de sous-estimer la dimension chronobiologique humainc. mais. bicn au contraire, d’cn saistr loute la complexite pour mieux cerner les inconvenienis et exploiter au maximum les avanlages On entend Irop souvent un discours ambigu qui consisie a supposer que. certes. Ihom-me nest pas fait pour travaiiler la nuit mais qu‘en cas de besoin urgenl. un travailleur de nuit pourra - vaincre ses rythmes » et passer oulre. Ainsi. on conlie a des automatismes estimes plus liables des taches de plus en plus complexes en releguam - theoriquc-ment - Toperateur au rang de - pompier de sen/ice -. Cependant. dans te merne temps. el ced juslilie dćja sa presence. les lonclions qui lui sonl devoiues en lont un « calculaieur de secours » devant rapidement et etlica-cement intervenir en cas de dślaillance des automStismes comme si 1‘općra-teur humain n'avait pas besoin de se prćparer en permanence a l'eventuafite de ses intcrventions. comme s*il 6tait « próg ram me • pour taire lace. a toui moment, a toutes les situations.
Les quelques donnees presentees rei constituent une 6tape dans la desenp-lion des modalites r6elles du (onction* nement des operaleurs dans une silua-tion conc/ete de travail. 6tape qui a pour rćsultat non seulement de montrer rexisience cfune surfatigue lofs d'un
Chronobiologto *t ergonomie
iravail en pćriode de desadivation et la variabilit6 des comporlemenls des operaleurs. mais aussi d‘atliref ratten-tion sur le probłćme de fiabilile posś par la rćdudion de l'actrvitó la nuit.
Cette surfatigue rósulte du lait que 1'općrateui se lrouve place en situation de surcha/ge de travail. la nuil. par son 6iai de vigilance bas alors que. pour cłfcciuer le meme lravail, ił pourra 6lre en sous-charge de liavail tors du pośle de Tapres-midi. corńpte tenu dc son baul niveau de vigilance. Ces deux situations. toutes deux deiavorabłes. contribuent a accroilre fortement Tas-treinte de foperaieur en 3 x 8 soumis a des coniraintes ibeoriquemeni sia-bles. En cflct. en deę6 et au-delś d un niveau optimum de vigilance. Ic cout pour 1'operateur dc (a realisation de son actiyrite augmentera rapidement.
OKrerses donn6es montreni que la nuit n*est pas seulement une periode de moindre actrvite. mais que le ralentisse-ment de l’activite con$6cutif a la reduc-tion de la capacite łonctionneiie des op6rateurs s'acoompagne dune r6or-ganisation de radhńtó : cela suppose que la conception des systemes de lravail permetle cetle flexibilite et qu*elle ini6gre un mod6Ie de Topera-teur humain qui ne soil pas celui d*un homme slabie et invariant au cours du nyclhem6re. mais un modele cfopera-leur r6ei. c’est-ś-dire instabie et organi-sant son adrvit6 en fonefon des fluc* luations de ses capaotes fondion-ne»es.
La normalisation des procćdures op6-raloires. la dćlinition rigoureuse du ebemin. partois uniquo. qu'il laul Survre pour resoudre un incideni. entraTnent uno rigidification dans la laęon de iravaiiier des op6rateurs dom 1‘anaiyse rćv6te qu'ils reajuslent en permanence leur laęon de proceder au vu des donnees nouvelles de la situation. La conception des systemes doił laisser b 1‘operateur la possibilitś de cbanger de procedurę de travail. de modiłier le modę operatoirc qu‘H ulilise. Enfin. si la dćmarebe de conception des systemes compiexes doit eire repensee de laęon a iniegrer les connaissances sur le londionnemenl de ceux qui en assure-ront la conduile et la survcillance. la misę cn ceuvre de ces syslćmes ne doit pas s*appuyer sur des interprćta-tions hatives concernant le fonctionne-ment des operaleurs humains: dans les amśnagements des systemes complexes se degage aduellement une lendance a la reduclion des ettec-lifs. notammeni la nuit. et a lalfegement des tSches des post6s soit par transfer! de taches de la nuit vers le iour. soit par automalisation des Idcbes en fondion de criieres souvent lies aux possibilites tecbnico-economiąucs. Outre que la validite de leiies mesures n'est pas bien verifi6e. il y a lieu de s'interroger sur cene lendance 6 la ifcdudion des effectifs et du voiume d*adivite. la nuil, qui va dans le sens d*un renforccmcnt des diflicutles auxquelles sonl soumis les post6s nolammenl la nuit.
Travail post6 et sant6
La contradiction enlre la rylbmicilć du lonctionnemenl humain et Torganisa-tion du travail post6 se Iraduit par une alteralion de la sarnć. En dćpit de Hnsuflisance des connaissances (pelil nombre d‘enqu6tes de grandę enver-gure. manque d'approcbe synthetique. probiemes methodołogiąues). lous les specialisies de la quesiion. quels que soicnt leur pays et leur voie d'appro-che. sonl d’accord pour reconnatirc que :
7) les etfels ne sonl pas toujours la-eiles 6 fnetłre en 6vidence en raison de la seledion de lail qui Irappe les postes : les sujets les plus malades quillent le regime du travail poste cl debappent ainsi aux enquóles.
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2) les efleis ne sont pas tous imme-diats mais pęuvent se reveier b long terme. m£me aprós 1'abandon du travail posi6 ($urmortalii6 precoce aprśs la retraite par exemple);
3) les eHels resullent de ta muliiplica-lion de contrainles: horaires. lype de lravail el condilions d‘execulion. andennetć...:
4) les ecarls entre travailleurs de iour et iravaiiteurs postes se aeusem au cours de la vie (fig. 4).
Ces quclques remargues preatabtes font craindre une sous-estimation sys-tematique des cons6quences pat bo-genes du tr«avail en equipes. N6an-moins, il esl possibłe de dresser un premier tableau du - syndrome du tra-vailleur poste ». Oulre le vieillissemenl premature ou la morlalile prćcooe. les symptómes les plus dairement d6mon-tr6s concernem : a) les perturbations des fonctions biologiques avec reduc* tion des defenses immunitaires: b) les troubles gasIro-mleslinauK et notammeni les ulc6res; c) les maładies car-dio-vascularres; d)ie$ troubles du sommeil (rćdudion de sa durće et
alteralion de sa composition); enlin. e) un ensemble de troubles nerveux en-core mai r^pertoriśs.
Index santć
Anr>6cs
Fig. 4. DótćrioraUon da to santó ovec FAgo des tro^oWours postós et des trevBUieurs de Iour (d'eprós Haider et CoO, 1980).