266 SAINTB-ANNE l> AURAY
La grandę activilś commerciałe s’exeręait dans l'an-cien hameau de Keranna. C’est lii qu’aboutissaient les routes: celle d’Auray, par la voie feodale ; celle de Vannes, par la voie romaine et le raccord du « Cheval blanc »; celle de Baud-Pontivy, qui venait s’embran-cher k Pont-er-hroach sur la voie fóodale, aprfcs avoir contourne le mur du monastóre. C’est 1 kt k cótć des habitations paysannes, qu’on avait construit les prin-cipales hótellcries: CFcu de France, la Croix Verle, VImage de Sainte-Anne...
Pendant plus d'un demi-siócle apres la Rćvolution, il n’y eut & cet ćtat de choses presque rien de changć.
Mais, k partir de 1865 la nouvel!e route commenęa de ramener tout k elle.
prelevć une sommc sur les oblations de la chapelle pour reparer ce mernc chemia.
Le 19 dćcembre 1810, M. Deshayes ćcri vait k l'óvvque de Yannes: «• Le maire de Pluneret, qui me paralt beaucoup porte pour le bien public, veut s'occuper de la reparation du chcmin de Salnte-Anne k Auray. II me prie dc vous engager & conlribuer k cette <euvre ». Kt le cur* d’Auray donnę k celte dcmande un aris favo-rable.
Au moisd aoOt 1805, M. de Robień, maire dc Pluneret, ćcrivait lui-mćmc k M*' de Panccmont: •• Monseigneur, vous aver eu la bontć de me dire que vous vouliez bien nous aider dans le ritablls-sement du pont de Brech, qui se trouve k prćsent dans un trós maurais ćtat. Ce pont est d'une tr*s grandę utiliti pour les pCle-rins qui vicnncnt k Sainte-Anne. II est de toute neccssitć de le falre raccommoder pour la commoditć du public : c’est un chemin yicinal, trćs comraode pour les pćlering qui seraient obligćs dc passer par Auray pour veniri Sainte-Anne, ce qui allongerait leur Chemin de deux fortes licues » (Arch. dtp.; Chapelle de Sainte-Anne).
A propos dece » pont de Brech >. qui servait k une voie romaine, nous signalons que le nom de ce bourg est un rieux mot celtique, qui signifie <* pont », comme ses congćnćres Bruek et Broek (alle-mand), Bridgt (anglais), Britet (gaulois). — Le bourg de Brech signifie donc ćtymologiquement: le bourg du pont.
Autre remarque k propos de ce pont: « La vogue extraordinaire du p*lerinage k Sainl-Jacques de Compostelle a dicidt la construc-tion dc nombreux sanctuaires que l’on rencontre .sur nos voies romaines et le long de nos plus vieux chemins, et particuliCrement au pnssagcdes rivićres et aux cndroils dangcreux »(R.de Laigne : Le culle de uint Jacguet en Brctmgne). C’est le cas de la chapelle dc Saint-Jacques qui domine k pic le pont de la voie romaine a Brech.
La vie et le mouvement de la bourgade allaient se dćplacer.
Elle a fait venir h son point d’aboutissement toutes les autres routes : celle de Brech-Hennebont et celle de la Chartreuse; celle de Baud-Pontivy, qui au lieu de dćvier vers Pont-er-hroah, va maintenant en ligne droite jusqu'au village; celles de Vanneset de Locmi-nś, qui se prolongent dćsormais jusqu'& l’extrćmitć de la rue des Ormeaux...
Ló se transportera aussi le centre commercial, avec ses hótels et ses restaurants, ses ćpiceries; 16 surtout se multiplieront ses magasins dobjets de pićtć...
Mais ce dćplacement aura sa rćpercussion sur le Pilerinage lui-m£me, qui va y perdre un de ses princi-paux caractóres.
Autrefois le pćlerin, quand il dtait parvenu k cet endroit, se trouvait en dehors de 1’agitation profane, et il pouvait se livrer sans troublc aux actes de sa dćvotion, sur un terrain rćservć.
Aujourd'hui c'est 6 quelques pas de la chapelle, aux abords de la fontaine sainte, en face de la scala oCi se cćlfcbrent les offices, que se dćversent les foules bruyantes, que circulent de tous cótćs les voitures et les autos, que flAnent les touristes et lescurieux, que se restaurent les p£lerins... Le pourtour mćme de la basilique est comme une vaste boutiquc en plein air.
Ce n’est pas sans tristesse que l'on voit maintenant les pćlerins, tfite nue et le chapelet k la main, s’avan-ęant ó travers les groupes de causeurs indiffćrents, exposćs aux importunites des forains, se garant avec peine des chars-fi-bancs-et des voitures.
Ce qui est peut-fetre encore plus attristant, tfest que les processions, celles des paroisses et celles desgrandes fótes, sont rćduites k se dćrouler au milieu de ce va-et-vient incessant.
Ce spectacle paralt du reste beaucoup moins cho-quant 6 ceux qui n’ont pu voir autre chose. Mais les