328 SAINTK-ANNE D'AURAY
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Cest k Sainte-Annc qu’avait eu lieu le premier choc entre les troupcs ennemies pendant les Ccnt-Jours. Cest aussi auprfcs dc3ninte-Anne que se produisit le dernier engagement sćrieux de la campagne, le 20 juin.
Pour ćviter une bataille rangće contrę des forces supć-rieures, les Chouans s’ćtaicnt retranchćs derriere la rivifere du Loc, qui leur scrvait de dófense naturclle. Ils occupercnt la rive droite sur *une longueur d'environ trois lieues; et leur tactique ćtait de garder les six passagąs qui s’ćchelonnent depuis le pont dc Saint*Goustan jusqu'& la chaussće de Trew-er-Rous.
La rive gauche ćtant librę, ce furent les impćriaux qui bivouaqu&rent cctte fois sous le patronage de saintc Annę.
Si les Chouans avaient senti doubler leurs forces un mois auparavant, en combattant sous le regard de leur patronne, Bigarrć, qui commandait en chef les troupes impćriaies, sut & son tour bćnćficier de cet asile, en exploitant la pićtć des Brctons contrę les Bretons cux-mćmes. Convaincu que la crainte de commettre un sacrilfege empecherait ses ennemis dc tirer du canon contrę le sanctuaire, il fit cantonner dans 1’enceinte de la citó monastique ses troupes.fatigućes (1).
Le lendemain, la bataille recommenęa sur la rividre ; elle se prolongea sur les landes de Brech, jusqu'au champ des Marty rs et k la ville d’Auray. Elle se renouvela quelques jours plus tard k Plescop; et sans doute la lutte eót durć long-temps encore, avec des altematives diverses, si la Gn des Cent-Jours n’avait rćconcilić les adversaires, heurcux de fra-terniser enfin k 1'ombre du m£me drapęau... (2).
(1) l.e P. Blouet, rendant compte k l’ćvćque du passage de ces troupes, lui ćcrivait le 30 juillet: « Nous avons ćtd quittcs pour des vola et des raptnes. Ces soldats de Bonaparte ne donnaient pas le temps d’ouvrir portes et armoires; lis les enfonęaient -toutes •.
Bigarrć, qui connaissait ses soldats, avait pris soin de mettre la cha-pellc k 1'abri.car le P. Blouet ajoute: « Heureusement qu*on avait mis des factionnaires k la chapellc ; personne n*y est entrć ni dans la sacristie ».
(2) Ces deux ćptsodcs sont racontćs par dcux historiens qui avaient pris part cux-mćmes k toute la campagne: 1'abbć Bainvel et F. Rio.
Leur valeur documrntaire et apologśtique.
Sommaire. — Avant-propos. — Pourquoi des mirncles A Sainle-Anne d'Auray. — Leur multiplicitA. — Comir.ent les fidAles font leurs v<rux et commcnt lis *’en acquiltent. — Contróle juridique et ecclAsinstique. — Les carsct<5ristiques du miracle. — Sa valeur apologAtiquc. — Ra-Icntisscmcnt des faveurs tcmporelles: on cesse de les contróler et niAme dc les consigner. — Las favcurs spirituelles.
Les miracles de sainte Annę et ccux de saint Vincent Ferrier: ce que dAmontre la Iccturc des procAs-vcrbaux.
AVAtfT*PKOPOs, — Lt XVII* siAcle en Bretagne est PAge d’or du miracle: Phistoire de nos grands missionnaircs en fait fol.
A la diffćrcnce des missions qui cn Normandie, en Lorraine, en Langucdoc, dans le VIvarais, Ic Velay, opAraiont olIes-mAmes d‘in-nombrables conversions, celles de Bretagne s'accompagnaient cn plus de inanifestations surnaturelles journaliAres. Les prAdica* tcurs et les fidćlcs s‘y mouvnicnt dans lc miracle avcc autant d'ai-sance qu’A lYpoque de saint Pol, de saint Tugdual et de saint Corentin. Le mcrveilleux y Atait si frAquent que les Atrangcrs et 1'auteur mcm o chargA dYcrire la vie du P. Maunoir hAsitaient A 1'admettre.
Ce dernier ne se rendit A PAvidcncc quaprAs Atre vcnu lui-mAmc-ćtudler et discutcr les faits sur place. « AprAs touf, dit il, pourquoi sYtonner que la foi chrAtienne soit rentrAe en Bretagne par les mArnes voies quYlle sYtait introduite dans toute la terre au com-mencement de 1'Eglise? .. »
Et telle Atait bicn 1'idee du P. Maunoir lui>mAme. « II nous semble voir, lit-on dans son Journal, quelques effets de ceux qui arrivArentA Jerusalem lorsquelesapótresy prAchArent l'Evangile.
Son opinion sur ce point Atait partagće par !YvAque de TrAguicr son contemporain; un jour que les missionnaires discutaient devant lui la question de ces interventions surnaturelles qui dAfrayaient les conversations populaires, lYvAque fit cettc rc-