202 SAINTK-ANNE DAURAY
leur rend elle-mćme, par la Ićgislation minutieuse qui en protfcge la conservation, montre le prix qu’elle y attache. Du reste le cujte qu’elle leur rond nest qu'une des manićres d’honorer le Saint auquel elles ont ap-partenu ; et, 6 cause de cela, en supposant mćme que sa yigilance ait trompće dans une question oCt son infaillibilitć en effet n’est pas en jeu, la dćvotion des fiddles ne s'ćgarc jamais, car & travers 1’objet matćriel qui rćveille, elle va comme &son objet vćritable etcer-tain jusqu'au Saint en personne.
La basilique de Sainte-Anne d’Auray poss&de plu-sieurs reliques de la Sainte qu'on y vćn6re (1).
AtA łongueraent AtudiAcs ct discutAes par les Bollandistes, qui indineot manifestement & rcjcter ce qui parait en effet lAgcndaire-dans la tradition provcnęalc (Cf. Sainte Annę, 26 juillel).
lis rclAvent tout d'abord les multlples Yariantcs qui s’y trouvent: les reliques dc sainte Annc ouraicnt AtA apportAcs en Gaule d’aprAs unc vcrsion,par saint Longin qui les aurait dAposAes dans une Ile du Rh6ne; d'aprAs unc a utrę, par saint Auspicius qui les aurait rcęues du premier successeur de saint Pierre; d'aprAs urie trol-sicmc, qui est actuellement la plus en honneur, par la familie de Lazare... — lis constatcnt en outre que la dAcourertc elle-mAine sc raconte dc deuz maniArcs trAs differentes. et qu'ou n’cn trouve aucune reiation ćcrite avant 1’an 1407. (Ce dcrnier point est conteatA par M. Terris, qui a dAcourert des documcnts A ce sujet antArieurs au XV* siAde: Cf. Sainte-Annę d’Apt). — Les Bollandistes en con-clucnt, non, pas que les reliques cTApt sont apocryphes, mais qu’elles y ónt AtA apportAes A une Apoquc inconnue, et quc leur histoire, en 1’absence de tout document ćcrit. a AtA considArable-ment embellie plus tard, sinon mAme travestie par 1’imagination populairc. Et, A cettc occasion, aprAs avoir rappcIA les tAmoignagcs indiscutablcs sur lesqucls s'appuie 1'authenticitA des visions de Nicolasie, ils ajoutent cette rAflczion: Ulinam... Aplentet talia monumenta proferre postent pro $ua tradilione*
DaprAs cette minutieuse Atude des Bollandistes, il ressort bien que la tradition de Constantinople est celle qui ofTrc le plus de garanties: c’est de cette ville que vraisemblablement, A diffArentes Apoqucs et dęns des circonstanccs que 1'histoirc n’a pas notAes, sont parties les innombrables parcelles du corps de sainte Annę que l’on vAnArc en difTArents pays, et en particuiier les reliques dc sainte Annę d\Auray.
(1) Nous lisons dans 1'annAe liturgique de Dom GuAranger: «. Depuis que Notre-Seigneur rcmontA au cieux a voulu que, comme
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Nous avons dćcrit ailleurs les solennitćs triomphales dont leur rćception a ćtć 1’occasion au XVII* et au XIX* sićcle. II nous reste i indicjuer ici, pour chacune d’elle, sa provenance, la circonstance qui nous Pa pro-curće, et son histoire dcpuis qu’ellc appartient au P&le-rinage.
I. — La rei.iquk donnie par Louis XIII.
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Cette relique se trouvait dans la chapelle du roi i Saint-Germain-en-Laye. x
Elle venait de Constantinople. Le Ićgat du papę, Simon, qui occupait le si&ge patriarcal a u temps de Pempire latin, et qui avait k ce titre la librę disposi-tion des nombreuses reliques couservćes dans cette ville, l’avait donnće k Lun des Croisds, Geoffroy du Soleil, en 1232. — ELle passa plus tard & 1'abbaye de Voisin (Orlćans), et fut remise par labbesse de ce monastóre a son cousin Henri de Lomćnie, prince de Mortagne, lequel en fit don lui-mćme k Louis XIII, k une ćpoque oii le nom de sainte Annę ćtait particulifc-rement en honneur k la cour (i).
lui, Notre-Dame y fńt couronnće dans la lotalitA dc son Atre vir-giual, n‘ost-il pas vrai de dire que les reliques de la rnAre dc Marie doWent ćtre doublement chóres au monde, — et, comme toutes autres, en raison de la saintetA dc celle dont elles sont les restes augustes. — et, plus qu'aucuncs autres, par ce cótć qui nous les montre en voisinage plus imraćdiat qu’aucunes avec le mystAre de la divine Incarnation. n (26'Juillet).
(1) DaprAs les historicns d’Apt, unc rclique de sainte Annę conscrrAe dans cette ćglise, fut ofTerte A la reine Annę d'Autrlche en 1G23. Et !’un d'entre eux ajoute que c’est une parcelle de cette rclique qui fut plus tard ofTerte A la chapelle de Sainte-Anne d'Auray. — Cette dcrniAre asseition est une erreur. La relique que le PAlerinage de Sainte-Anne d’Auray a reęue en 1639 appar-tenait au roi personncllcmcnt, comme il appert de tous les tAmoi-gnagcs-.on comprend du reste que la reine ait tenu A garder la relique d'une sainte dont elle portait le nom.
Signalons enfin pour mAmoire une troisiAme opinion, daprAs laquclle cette reliquc serait un don des Chevalicrs de Maltę: « Ludovicus XIII sacram Dominie A nim reliquam, quam Meli-tensium cquitum dono acceperat, jussit per P. Seraphicum solemni pompa huc deferri... * (Delineatio... P. LEon dk Saint-Jkan).