251 SAINTK-ANNE DAURAY
L'archevćque de Rennes, mdtropolitain de la Pro-vince, commentant 1'acte nontifical, ddclarait k son tour que « de toutes les ddvotions en honncur dans le pays, il n’en est pas une qui le soit davantage que la ddvotion k la bienheureuse sainte Annę; la Bretagne la regarde cpmme sa patronne et sa mdre ». Et ii ajou-tait: « Elle n’est pas seulement la patronne des Van-nctais, mais dgalement lanótreet celle de la Bretagne entióre »> (I).
Notons du restequc le Souverain Pontife et 1’arche-vdque de Rennes, en einployant ce terme du langage courant, n'avaicnt nullement la prdtention de lui don-ner une consdcration officielle.
Ndanmoins les chapelains du Pdlerinage, trds heu-reux de trouver dans un acte pontifieal une expression qui rdpondait si bien k leur pidtd, se crurent suffisam-ment autorisćs h 1'insererde leur propre initiativedans les Litanies qui dtaient encore en usage & cette dpoque : Sancla Anna, patrona Britonum (2). Mais de simples prdtres, si qualifids qu’ils soient par ailleurs, n’ont pas le pouvoir d’insćrer.une invocation quelconque dans la liturgie (3).
Le ddcrct qui drigea la nouvelle dglise en basilique constatait k son tour que sainte Annę dtait honorde en Bretagne comme la patronne du pays : Ultro votis obsecuti turnus antistitis wnetensia, qui nos enixis precibus oraoitut ccclesiam tenetensem in honorem sancla- Annie, cte-lestis Armorica; patron®, reccns erectam Lasilioc minoru titulo ac prioilegiis honestemus (22 mai 1874).
En 1875, on demanda k Romę daccorder un Office
Conceptioo » ; ul deeotio erga Oeiparam immaculatam ejuagur mat rem magia et magia in diet augeatur.
(1) Leitrc de l'archevóque de Rennes en fareur de l'CEuvre de Sainte-Anne, 1868.
(2| Ouaud on dut ccsser de chanter cette invocation, les litanies particuliires de Sainte-Anne ayant etd interdites, elle se conserra dans un refrain populaire : Laudate patronam Britonum.
(3) . ..Sancli nationum, dicecetum, protinciarum,.. accedente confirma-tionesedis apoaloticse conatituantur patroni <Codex, can. 1278).
propre pour Sainte*Anne d’Auray. Des liturgistes ćmi-nents y collaborfcrcnt k Vannes et k Romę ; il est tr<?s remarquable comme texte et comme chant. Or les auteurs y gliss&rent une Antienne tr&s suggestive au point de vue du patronage de sainte Annę: O matcr patrite, Anna potenlissirna, Britonum tuorum aalus eato... La patrie dont il s’agit ici c'est ćvidemment la patrie brc-tonne ; en outre on y dćclare ouvertement que les Bretons appartiennent k sainte Annę, et que par consćquent ils ont le droit de se rćclomer de sa protcc-tion.
Cćtait un grand pas de fait; dans cette antienne on a r^quivalent du patronage des Iiretons; mais le titre lur-mćmen'y est pas encore formellement exprime (t).
En 1912 on signale un nouveau progres.
Une dtfmarche collective des ćvćques de Bretagne (2) obtient le privil£ge d'introduire le nom de sainte Annę dans les litanies majeures. La concession est faite, non pas seulement k la Province ecclćsiastique de Bretagne, mais k tous les diocfcses de 1’ancien duche, ce qui a per-mis k celui de Nantes d’en bćnśficier au mime titre que les autres, quoiqu'il ne dćpende pas de l‘archevć-chś de Rennes.
En limitont& la Bretagne le droit dmsćrer dans les
(t> II SC trouve, il est rrai, dans la Ićgende du brćriaire ; rnats on sait que ces documcnls n’ont pas la mi'mc valeur liturgiąue qu’une formule de pri£re : Icontm Yvo teneratur; extructoque tactllo, inclylam Britannue nostnr palronam, latricem et propagnaeutum ret-tituit.
(2) Tesle de la supplique :
«• L‘archevćquc de Rennes, les ćvćques de Nantes, de Yannes, de Saint-Brieuc et dc Ouimper, chcls des diocćses qui formaient outrefois la Bretagne, dćsircux de confirmer et d’accroltrc encore la pićtć des Bretons envers sainte Annę, leur patronne et leur protcctrice, supplient humblement Votrc Saintetć de leur per-mettre, pour leurs diocises d’introduirc l’invocation de sainte Annę dans les Litanies des Saints avant sainte Maric-Madeleine. »
Le papę ćcrivit de sa main: Juxla precet tantum, die 2t nouembre 1912.
Pies PP. X.