252 SAINTK-ANNE DAURAY
llera; cest ce qui ressort de touteś les dćclarations faites h Nicolazic, et qui se rćsument en ces mots de la Sainte : « Dieu veut que je sois honorne ici. »
De son cótć sainte Annę, dont le patronage ćtait si claircment imposć, n’a cessć elle-mćme, « par inclina-tion spćciale », de traiter les Bretons cómme ses clients prćfóres, en rćpandant sur eux d innombrables bien-faits (1).
A cette faveur du ciel, qui lui donnait une patronne si puissante et si bienfaisante, la Bretagne a rćpondu par une confiance illimitće qui dure toujours.
Sansdoutela Sainte est invoquće aussi en d’autres rćgions; elle y a móme des sanctuaires vćnćrćs; cer-taines corporations se sont mises sous sa protection spćciale. Toutefois c’est un fait reconnu du monde entier que sainte Annę est surtout la patronne de la Bretagne, et cela est si peu contestć qu’on 1'appelle partout « sainte Annę des Bretons •».
Dans la grandę Hisloire de la Nalion franęaise, G. Goyau dcrit: « De lannće 1625 datę le relóvement du culte de sainte Annę aux portes d’Auray la dćvotion bretonne, qui jusque 16 s’attachait surtout aux saints indigónes, ćlisait desormais comme patronne la móre de la Vierge Marie ».
Et la constatation qu’a faite 1’historien au XX* siacie, le P. Kernatoux au XVII' et le P. Martin au commen-cement du XIX' Cavaient dejś consignće en termes aussi expressifs.
— « Sainte Annę a choisi particuliśrement ce saint
(1) Le patronage de sainte Anoe sur la Bretagne a <ti exprimć d'unemanióre humoristiqueen une poćsiedont nouscilonsquelques vers.
Le dialogue a lieu au ciel entre Jesus et son aieule, qui parle ainsi:
... Ici j’ai bien trop de loiair*
Et je voudraia un peu dourrage... — Eh I bien. souri* moi, car je gag* Que je rai* combler tes dtfair* : J’ai la Bretagne, et te la donna ;
S» tu veux, aoi* en la patronne. Ainai aeront pri* tea loiaira.
Et aainte Annę embraaaa Je»u*. Keranna fut aa capitale,
Eli* aima tant aa cathddrale. Son pajra, aa* Bretona tłtu*.
De aon peuple fut tant aimde Qu*jamaia ne a’ennuya plua.
(Hsnri Golas).
lieu pour y dćpartir ses faveurs et pour y recevoir les honneurs et les hommages que toute la Bretagne lui vient rendre tous les ans, comme ś sa spicia le patronne » {P. Kernatoux). Voil6 clairement ćnoncćs les rapports rćciproąues du patron et du Client.
Le P. Martin, 150 ans aprfcs, dit a son tour: « Puis-qu’il est vrai que la div.ine Providence a uni par des liens ćtroits 1'EgIise du ciel et celle de la terre, et que les dus ont ici-bas leurs rćgions et leurs ómes privilś-giees, comment douter que 1’auguste mfcre de Marie ne s’apRlaudisse du titrc de patronne dc la Bretagne... Le Breton fidde qui la prendra pour son avocate aupr&s du Sauveur, ne sera pas trompć dans son esperance: sainte Annę veillera sur sa familie, sur ses intćrćts, sur lui-mśme »» (1).
De tous ces textes, oii les divers historiens ne sont-eux-m£mes que les interprfetes de lopinion publique et les tćmoins d’un ćtat de choses, il resulte que, depuis troiscents ans, sainte Annę est bien en fait, la patronne de la Bretagne. Mais avant que ce titre ait etć consacrć en droit et officiellement reconnu par 1’Eglise, il a fallu passcr par bien des ćtapes et attendre plusieurs sićcles.
II
La question n'a pas ćtć abordće, dans les actes ćpis-copaux et pontiticaux, avanl 1808.
Dans le Bref oti Pie IX autorisait le couronnement de la statuę miraculeuse, il constatait incidemment que sainte Annę est regardće par les Bretons comme leur patronne spćciale au ciel, — « ab iatarum regionum fidelibua tanguam patrona ceelestispr.rcipuum in locum habctur » (2).
(1) Editlon de 1838, p. 233.
A la mćme 4poque, dans un poćme lalin compość pour la fćte jubilairc du Pćlerinage, nous lisons ce vers significalif.
Incestu palet Anna.....
Quam gens Brltonum veneratur tota patronem.
i2) Ce n'est pourtant pas h ce titrc que sainte Annę a ćtć cou-ronnće cn 1868, mais eiprcsaćment comme « raćre de Plmmaculće