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Lc domaine des rełigieux, qui avait ćtć ordonnd cTaprfcs un plan unique et pour les besoinS exclusifs du P61e-rinage, — passa & diffćrents acquereurs, qui devaient tót ou tard, accommoder leur proprićtć chacun a sa guise, en ne consultant que ses propres intćrfits.
Les changements se firent remarquer d'abord dans 1’entourage de la chapclle : les galeries, ń droite et h gauche de la Porte Neuvc tombórent.pour faire place A des habitations banales. Ainsi commenęa d’£tre dćfi-gurće la construction la plus originale des carmes, qui entourait corame d’un pćristyle, h la faęon orientale, la chapelle et son esplanade (1).
La partie nord a ćtć modifiee elle-mćme; et il nen
(1) En rtalitć la dćfonnation arait commencć du temps ra^me des carmes, qui avaient cios eux-memes les galeries du cótć de rOccident, & droite et A gauche de la scala sancta.
L'actc de vcnte A Kcrarmel (par 1’inlerraćdiaire de Rialan) en fait fol par les termes oCi est dćcrit 1’ćtat de ce pAristyle pendant la Rćvolution : « Les doltres au Midi, Occident et Nord, peu ćlerAs et adossćs en appentisau mur de c!6ture, soutenus par des piliers de pierre, couverts en ardoises, dont 16 arcades au couchant, huit de chaque cótć de la principalt; porte, sont closes, et dtptndent dti maitoni gui forment la ruc, ct ont Hi ci devunt alienćs », Actede vtnle.
La premićre maison bAtie le long de l'avenuc des Ormcaux. sur rempiacemenl mćrac des galeries du cloltre, avec ouverture sur 1'esplanade, est la maison Koussel bAtie dans 1’angle sud-est: elle existait dćjft en 1810. La seconde est le maison Guillevin, dont la concession est faite aux conditions suivantes par l'ćv£quc qui dcmeurait proprićtaire foncier: « M. Gabriel Deshayes, agissant pour Mi' de Baussct, afferme A domaine congAable au sieur Guil-levin..., les fonds et dfsposition de 12 m. 1 de longueur et 1 m. 1 de largeur (largeur det galerie*) dans le terrain appelć le doitre de Sainte-Anne, A prcndre A droite en entrant par la porte appelće la Porte-Neuve ». La toiture devait ćtre en ardoisc, et la hauteur de la maison ne dcvait pas dćpasser celle de la porte.
Void dans quelles circonstances ct par suitę de quelles n*cessi-tis eurent licu les prcraićres dAformations du cloltre des pderins :
« Irmnćdiatemcnt avant 1'Atablisscment du Petit SAminaire, la maison de Sainte-Anne Atant louAe A divers particuliers.il fallail les en faire sortir et les dAdommager. C'cst pour cela quc M. Deshayes fit avcc eux une coqvention par laquelle ils b&tiraient dans les doltres extAricurs des maisons qui leur appartiendraient, sans que le terrain leur fńt cedA ■ (Jłtmoire du P. Cutnet).
DAs 1830 les galeries avaient totalemcnt disparu sur la faęade móridionale pour faire place A des magasins. Malt dans chaque reste plus que quelques arcades, dont on a fait un abri cios k l'usage des pfclerins.
L’ancien village de Keranna, ou s’ćtait localise le mouvement des affaires, se reliait A la cltć monastique par « l’avenue des Ormeaux (1) ».
Cette magnifique avenue ne tarda pas & se border elle-móme de maisons sans caract£re: et il ćtait k prćvoir que ce voisinage lui serait fatal. Les nouveaux venus ćtaient naturellement tentśs de se dćfaire de ces arbres qui leur masquaient la vue ; et par tous les moyens ils ont fini en effet par en avoir raison. Les derniers ormeaux ont disparu vers 1880.
Au cours du XlX'si6cle, k mesure que l’on a percć <le nouveIles routes aboutissant k Sainte-Anne, se sont ćlevćes des maisons de plus en plus nombreuses, mais sans le moindre souci de 1’ordre et de la beautć. Et, pendant que ces rues continuaient k s’allonger dans toutes les directions, on a vu tomber les unes aprt*s les autres les superbes avenues qui avaient donnć jusque-IA & Sainte-Anne 1'aspect d’une oasis au milieu des landes, et qui otfraient au voyageur un ombrage rafral-chissant. El les ont disparu sans qu'on ait songć k les remplacer : 1’arbre qui n’est qu'un ornement a dd cćder la place k la bfttisse utilitaire.
Une autre cause de transformation ce fut la cons-truction des grand’routes : ces voies, nouvelles ou anciennes, font du village de Sainte-Anne un noeud de
contrat il ćtait bien specifić quc « ne pourraicnt jamais les dits pre-neurs et succcsseurs, i quelque tilre que ce fAt. lenircabareten la dite maison... ». II est en outre reglć que * dans le cas ou les superficiers de la dite maison auraient unc mauvaise conduite, le proprićtaire foncier pourrait leur refuscr le renouvellement du bail • (Arehitet du Bureau det Domainet),
(1) Ainsi le centre des affaires et le lieu de la priire ćtaient net-tement sćparćs & S$intc-Anne d-Auray, comme aujourd hui encore A Lourdes, oti la citi mariale, thćAtre des manifeslations reli-gieuscs, est complAtement isolee de la ville.