200 SAINTK-ANNK DA U RAT
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VoilA, dnumćrdes et caractdrisdes, les principales assem-bldes qui ont eu lieu h Sainte-Anne depuis un siicle.
Les lecteurs qui voudront rapprocher ces descriptions de celles que nous avons donnćes plus haut pour le XVII* sidcle seront portćs A faire une comparaison :
Les uns diront: tout est changd ! — Et, en eflet, le village sest transformd, la chapelle s’est agrandie, la tour sest exhaussće, les costumes ont varid, le programme des cdrdmo-
nieś sest modifid.....Et, si l'on ne jugeait que par le dehors,
il faudrait rcconnaltre que la physionomie de nos fdtes n’est plusdu tout la mćme qu’autrefois.
Hien nest changd: diront les autres. — Et, cn effet, si Ton juge du point de vue de ł’Ame, on devra reconnattre aussi quc laffluence n a pas diminuć, que la pidtd ne s’est pas affaiblie, que la confiance en notre Patronne n est pas ćbranlćo. Et, dans cette foule, qui ne cesse d’accourir ici avec le mdme empressement depuis trois sidclcs, c’est toujours la mdme Amc qui espere et qui prie (1).
(1) Trois innovatłons importantes oni AtA introduites dans le programme du PAlerinage pendant les derniAres annćci du XIX* siAclc ; la njontAe dc la scala sancta, les procesaions aui flambeaux. les acclama-tlona.
Toutes nont pas Agalemcnt rAussi.
DAs qu‘on a ineitA les Bretona A grapie l« <«in( etcalitr, comme on le fait A Romę. et comme on l’avait fait ici-mAme autrefols, ils n’ont mon-trA aucune hAsitation A reprendre cette formę dc la pAnitence, et A se meurtrir les genous sur le granit rugueux dcsmarches.
La proetttion jux fltmbtaaz, qut lut inaugurAe ici par les pAlerins de VendAe et d‘Anjou en 1875. n est pas accueillie par tous avec la mAme spontanAitA; le pajrsan bas-breton prend volontiers un cierge pour ac-complir un vasu et faire sa proccssion en silence; il le porte aussi pour accompagncr le Saint Socrcment. Mais, quand il s'agit de se mćler A un dAfilA bruyant, qui est une mamfestation plutót qu'une priAre, il %'y trouve mai A l aise et trop cn dehors de ses habitudes.
Quant aui •eeUmMliont, qui sont l'unc des caractAristiques des fAtcs religieuses dans le Midi, elles nuront peine A entrer ici dans nos mours.
Obskuyations ••hkliminaiiiks. — La qucstion des rcliques de sainte Annę a donnA lieu a difTArentes traditions, qu il est bon, comme prAludc A cc chapitre, de signaler ici.
L’uue d^ellcs raconte quc le corps dc la Mćre de Marie fut trans-porte en Gaule dans les preraiers slAcles, demeura cachć dans une erypte de 1'eglise d Apt jusque vers l'an 800, et fut alors miracu-Ieuscment dAcouvert cn prAsence de Turpin et de Charlemagne.
D‘aprAs 1'autre, le corps de sainte Annę, conserre A JArusalem avec ccux des principaux membres de la familie de JAsus, aurait AtA transportA A Constaotinople et placA en 710 dans la basilique restaurAe par Justinien II.
Chacune de ces traditions peut inroquer en sa faveur cerlaines coincidences frappantes.
SupposA vrai le premier rAcit, et s*il est autre chose qu'un fragment d'ApopAe carolingienne, on coinprend mieux qua 1'einpereur, sous 1'impression de ce miracle, ait fait insArer le nom de sainte Annę dans les litanies dites carolines (1).
SupposA.au contraire, exact le second rAcit, on s'explique que cette translation solcnncllc des reliques de sainte Annę ait attirA l attention sur elle et dAveloppA A son Agard la piAtA populaiie en Orient; et c’est prAcisAment A cette Apoque que furent prononcAes les homAlics de saint Germain de Constantinople.de saint Jean DamnscAne. d'AndrA de CrAte.dont s'est enrichie mAme la liturgie latine;c'est aussi A partir de ce moment que le culte de sainte Annę se repandit A Constantinople et dans toute la rAgion d alen-lour; c’est cnfiu de cette capitale que partit, au XII* siAcle, le dAcret impArial qui rendait la fAte de sainte Annę obligatoire,
Ces divergences dans 1'bistoire des reliques de sainte Annę ont
(1) Mai* oprA* le* rAcentrs d<couverte* de J. Bldier, la vi*ite dc Char-Icmagnc A Apt devicnt de plus en plus probl6matiquc. Apt est dallleurs aur le parcour; de la eia lolottn* qui est 1'itłnArairr en quelque sorte de la lAgcnde carolingienne.