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18 Christina Koulouri 4

blis et decrits les rapports historiąues des peuples voisins. L'illustration da passć national et de « nous » dans 1'histoire inclut inćluctablement les con-tacts voire les conflits avec les « autres ». II semble que les rapports qui unis-sent a chaque moment les peuples voisins et qui dependent de la situation. politique de l'ópoque doivent etre justifiós rćtrospectivement. En outre les prćtentions des mouvements nationaux balkaniques par rapport k la Ques-tion d'Orient poursuivent ćgalement leur justifications dans ce passć fictif. Dans le cas grec concrdtement on peut vćrifier ces hypothSses par l'image des Turcs et aussi des Bulgares que vćhiculent les manuels scolaires grecs.

Les livres scolaires tendent a localiser les rapports entre les Grecs et les Turcs a des moments historiques prćcis, sans ćviter dans certains cas les exag ćrations. Je me rćfere en guise d'exemple a un manuel scolaire grec qui prćsente les guerres mćdiques, symbole pour l'historiographie europćenne de la collision entre 1'Europe et l'Asie, comme un des conflits entre Grecs et Turcs, ces demiers ótant considerćs §tre des descendants des Perses ^{1 2 3 4 5 6 7 8 9}. Cependant la póriode la plus appropriće pour la description des rapports entre les deux peuples est celle de la domination ottomane (Turcocratie) et de la Rćvolution Grecque.

Exception faite de YHistoire de la Kation Grecąue de C. Paparrigopoulos (1853) ¹⁰, la Rćvolution Grecque ne commence a occuper une place importante dans les manuels scolaires qu'apres 1860. Par contrę la Turcocratie tient jus-qu'en 1880 environ la place de simple et modeste prologue a l'histoire de la Rćvolution Grecque. Malgró le desćquilibre ćvident qui existe entre les deux parties de l'histoire grecque moderne, on peut remarquer une cer-taine harmonie au niveau des finalitćs attribućes a 1'enseignement de 1'histoire. A partir des annćes 1870 on souligne donc 1'importance de 1'enseigne-ment de ces deux pćriodes pour 1'affermissement du sentiment national, surtout chez des enfants plus jeunes, ceux qui vont k l'ćcole primaire. Apr£s les annćes 1880 le rapport est relativement ćquilibrć: l'enseignement de l'histoire de la Turcocratie est privilógió ćmotionnellement en vue de faire ressortir les « maux » que la nation grecque a subis a cause de la cruautć des Turcs mais aussi pour souligner la supćrioritć intellectuelle des Grecs dans 1'empire ottoman. D'ailleurs 1'opposition au Turc « barbare » et « hćtćrodoxe ► est consideróe comme ayant contribuć decisivement a sauvegarder le carac-tere national grec.

Raconter aux enfants l'histoire aprćs 1453 les invite en effet a s'identi-fier emotionnellement a la patrie, d'une part a travers la compassion pour ses souffrances durant la servitude et d'autre part au moyen de la fierte pour les gestes glorieux des hćros de la Rćvolution Grecque. Par consćquent, 1'image des Turcs transmise par les manuels scolaires semble dependre pre-

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   »    »    »    t

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⁹    M. Vratsanos, O Maopoyerrję rj TlaiSaywytycoy Ey*ofaiiov zoo Xaov (Mayrogenis ou Manuel de Pedagogie pour le peuple), Ath^nes 1880, pp. 169—170. Ci. aussi G. Thóophilos^

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»    >    it

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Emzo/ioę tczopia zrję EMjjvixrj<; Enapaczcurewę (Prćcis d'histoire de la R6vo!ution

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Grecque), Athćnes 1860, p. 5.

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¹⁰    11 sagit d’un majiuel scolaire, ceuvre innovatrice cl son 6poque, puisque c'est

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premier presenter une conception cohćrente de Thistoire nationale articulóe en trois parties: antiąuite, moyen &ge et temps modernes. C. Paparrigopoulos ólaborera son schóma in-

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terprćtatif de 1’histoire grecąue introduit par ce manuel dans sa grandę Hisloire de la Na-

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tionGrecque en cinq volumes (publióe de 1861 a 1874), ouvrage de rćfćrence pour toute I'his-

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toriographie n6ohellćnique qui lui succ^da.