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20 Christina Koulouri 6

ques entre les deux peuples, en vue d'afficher 1'historicitć de leurs conflits ainsi que la superioritó intellectuelle et militaire simultanement, de la nation grecque. Byzance s'offre dans le cas des Bulgares comme la pćriode particu-lióre de la reconstruction historique. L’intćgration des Bulgares dans l'his-toire nationale grecque prćsupposait l'« hellenisation * de Byzance, c'est-a-dire que 1'empire byzantin fut reconnu comme partie integrante de 1'histoire grecque ¹⁴. L'hellónisation de Byzance etait evidemment la condition indis-pensable et suffisante pour que l'on cherche dans son sein tantót les jdescen-dants de la gloire antique tantót les ennemis nationaux. En 1913, dans le cadre de 1'enseignement de l'histoire byzantine, le programme officiel pour les ćcoles primaires accorde aux Bulgares une unitę distincte decrite comme suit:

* Christianisation des Bulgares. Guerres contrę 1'empire grec. Basile dit le Bulgaroctone et soumission des Bulgares *.

L'exposó des manuels scolaires sur les Bulgares n'est apparemment ni innovateur ni original. Dćj5 en 1871 avait ete publie le IV® volume de YHis-toire de la Nation Grecęue de C. Paparrigopoulos, ou etait prćsentóe de faęon analytique l'histoire byzantine. Cependant, jusqu'au debut du XX® sićcle on ne rencontre dans les manuels scolaires aucune description dćtaillće con-cemant les Bulgares, ni Basile II dit le Bulgaroctone est-il exaltć comme un heros national. Le premier manuel, a ma connaissance, a adopter l'inter-pretation qui dominera au XX® siócle par rapport a la collision entre les Grecs et les Bulgares au moyen age est YHistoire byzantine de N. Yrachnos (1912). On y rencontre des arguments tels l'origine turque et la « slavisation » des Bulgares, le fait qu'ils ont constituć une óparchie de 1'empire byzantin et que leurs princes se sont montres «infideles » envers les empereurs byzantins, ainsi que leur ambition « d'aneantir l'Etat grec en Europę afin de fonder un Etat bulgare qui comprendra toute la Pćninsule Grecque europeenne » ¹⁵. A travers le recit historique, 1'allusion i 1'ambition des Bulgares de creer alors la Grandę Bułgarie est plutót eloquente. En 1919 un autre manuel sco-laire, YHistoire de 1’empire byzantin d'Ad. Adamantiou, qui sera utilise a 1'ócole jusqu'en 1930, rćp£te ce meme point de vue mais avec un fanatisme accru.

Le schema interprótatif sur les rapports entre les deux peuples peut ótre complótó par les bróves refórences des manuels de gćographie qui sui-vent une tradition d'introduction historique ou móme de digressions histori-ques pendant la description de chaque pays. Pour conclure, l'image des Bulgares consiste d'une part en la fćrocitć et la cruautć montróes pendant leurs conflits avec l'Etat byzantin (l'exemple de Kroum est inconstestablement le plus eloquent) et d'autre part en 1'emprise exercóe sur eux par les Slaves, le christianisme et aussi par le rayonnement de la culture grecque. D'ailleurs le pouvoir assimilateur transcendant de la nation grecque, cense avoir con-serve au long des sidcles la purete nationale, est alleguć comme argument convaincant contrę les attaques de Fallmerayer et egalement comme preuve

¹⁴    Selon Tinterprótatiori imposće par les Lumi^res et traduite 61oquemment par Gib-bou, Byzance etait dćvalorisće comme une pćriode de decadence et de degćnćrescence k l’op-posć de 1’ancienne Gróce. GrźLce k rceuvre de C. Paparrigopoulos, Byzance est intógró© dans 1'histoire nationale. Cependant le schćma interprćtatif de Paparrigopoulos n’est imposć k 1'ćcole qu'aprós 1880.

I    t

¹⁵    N. Yrachnos, Iaropia fio^atViaxrj ... (Histoire byzantine), Ath^nes 1912, p. 129