et les deux joues en y laissant des marques de rouge a levres.
— On va sortir, hein ? On va danser toute la nuit! nous dit-elle. Moi, je veux aller au Piccolo Siam...
— J’aimerais d’abord vous montrer un film, nous dit le Gros d’une voix grave.
— Non, non! On part tout de suitę! On part tout de suitę! Je veux aller au Piccolo Siam!
Kile poussait le Gros vers la porte, mais celui-ci la retenait et la faisait asseoir sur une des chaises.
— Je veux vous montrer un film, repeta le Gros.
— Un film? dit Claude. Un film? II est fou!
II eteignit 1’electricite et mit en marche 1’appa-
reil de projection. Claude riait aux eclats. Kile se tourna vers moi et elle deboutonna son faux vison. Elle ne portait qu*un slip.
Sur le mur, en face, les images furent d’abord floues et puis se preciserent. II s1agissait d’une ancienne bandę d*actualites qui datait d’au moins trente ans. Un jeune homme tres beau, tres svelte et tres grave se tenait a la proue d’un navire de guerre qui entrait lentement dans le port d’Alexan-drie. Une foule immense avait envahi la rade et l’on voyait s’agiter des milliers et des milliers de bras. Le bateau accostait et le jeune homme saluait lui aussi du bras. La foule disloquait les barrages de police, envahissait le quai et tous les visages extasies etaient tournes vers le jeune homme, sur le bateau. II n’avait pas plus de seize ans, son pere
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