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Adeline RUCQUOI
les Espagnols nćgligent les lettres et font ćlever leurs enfants chez des nobles de rang inferieur, ou encore dans les Dialogues de Juan Vives, d’autres exemples permettent de voir qu’il s’agit lei bien plus de goOts et de choix personnels que de normes d’ćducation. L’une des figures les plus ćminentes de la littórature castillane est indubitablement Inigo López de Mendoza, marquis de Santillane (1398-1458), tandis que la littórature catalane de l’ćpoque s’enorgueillit du noble poete Ausias March (c. 1395-1460); au Portugal, le connćtable Pierre du Portugal (1429-1466), flis de 1’infant Pierre, mort k Alfarrobeira en 1449, connaissait le latin, le portugais, le castillan et le catalan et laissa, comme son p&re, une ceuvre Iittóraire ; en Navarre, le prince heritier, Charles de Viana (1421-1461) mit k profit un long emprison-nement pour rediger une chronique des rois de Navarre et traduire L'Ethique a Nicomaąue d’Aristote.
Les nouveaux ordres religieux, apparus au cours du XIIIe stócle, jouerent rapidement une part active dans le mouvement intellectuel qui caracterise 1’Occident de la fin du Moyen Age. Les dominicains et franciscains de la Pćninsule ibćrique crććrent rapidement des studia de langues en Castille, en Aragon et dans les villes de Berberie ou existaient des consulats : Murcie, Valence, Jśtiva, Barcelonę, Mira-mar dans 1’ile de Majorque et Alger s’ajouterent alors k ceux qu’avait fondćs Alphonse X k Totóde et Sćville ; 1’ćtude de farabe, du latin et de 1’hebreu, les trois langues savantes de l’ćpoque, avait surtout pour but la conversion des infiddles. D£s le milieu du siacie cependant, les ordres mendiants sentirent le besoin de creer des studia dans certaines de leurs maisons afin de donner k leurs membres une formation speci-fique ; le chapitre provincial des dominicains d’Estella en 1281 men-tionna ainsi vingt-trois couvents ou les freres recevaient une formation en grammaire, logique, philosophie naturelle - physique, morale et traite de 1’ame - et parfois hebreu. Salamanque devint cependant le lieu d’election des dominicains, des franciscains et des augustins de Castille pour y installer les studia generalia de leurs ordres, tandis qu’en 1428 les trinitaires fondaient le leur a Valladolid, ou le studium du couvent dominicain s’ćtait developpe en meme temps que l’uni-versitć. Dans la province dominicaine d’Aragon, instituće en 1301, le couvent de Jativa se specialisa dans 1’enseignement de fhdbreu et de 1’arabe et celui de Lerida entretint d’etroits rapports avec l’universite. Au Portugal, les franciscains rćgentaient, des 1277 & Lisbonne et en 1302 k Santarem, des studia oil ćtaient enseignćes la grammaire, la logique, la philosophie et la theologie; en 1382, ils fonddrent dans leur maison de Lisbonne un studium generale de thćologie. Bien que certains d’entre eux aient ćtó crećs k l’extreme fin du XQIe siecle ou pendant la premierę moitić du XIVe, les studia des reguliers furent surtout actifs k partir de la fin du XIVe siecle et au cours du XVe; ils