Les travailleurs migrants africains 75
et les politiąues gouvernementales
en Afriąue australe : l'aspect humain de l 'interdipendance iconomiąue
politiąue gouvemementale ? De ąuelle manićre dćterminent-ils les facteurs coflts/avantages lorsqu’ils ćlaborent la politique de 1’Ćtat et la rćglementation du travail? Bref, 1’acculturation des dirigeants africains ayant adoptć l’ćdu-cation et la religion des colons pourrait-elle etre aussi une des causes de la dćpendance et du sous-dćveloppement ?
Je m’attacherai ćgalement k ćtudier la relation qui lie la dćpendance et le sous-dćveloppement k la stratification sociale (c’est-k-dire au systćme de classes) qui s’općre dans les zones d’ćmigration. Je serais d’emblće enclin i considćrer que la dćpendance et le sous-dćveloppement afiFectent surtout la classe intermćdiaire composće d’individus urbanisćs, semi-alphabćtisćs, occi-dentalisćs et peu enracinćs dans 1’ćconomie rurale traditionnelle. Ćtant tribu-taires d’un salaire ou d’un traitement, du systeme commercial mcwlerne, du rćseau de transports et des services sociaux, ce sont eux, en bref, qui souffrent le plus du sous-dćveloppement. La grandę bourgeoisie nationaliste, qui a toujours les moyens de se rćserver et de se rćpartir les revenus tirćs des rares ressources du pays, peut donc survivre malgrć les dures rćalitćs du sous-developpement. Les masses rurales orientóes vivant en ćconomie de subsistance peuvent se retirer littćralement du systóme ćconomique modeme pour en revenir au systćme traditionnel du troć, ou les ćchanges monćtaires n’existent pas, et, grace k cela, elles ćchappent elles aussi au sort pitoyable et & la dćpendance des masses urbanisćes. II sera intćressant de tester cette hypothćse pour dćterminer si le travailleur migrant d’aujourd’hui fait ou non partie de ces masses urbanisćes privćes de tout recours.
En ce qui conceme les causes, j’ćtudierai les points suivants :
a) Facteurs gćographiques, ćcologiques et dćmographiques qui, tant dans les
socićtćs d’origine que dans les pays d’accueil, ont entrainć les migrations de travailleurs.
b) Forces sociales, ćconomiques, politiques et psychologiques qui, tant dans
les socićtćs africaines traditionnelles que dans les socićtćs coloniales, ont facilitć les migrations de travailleurs.
c) Motifs indiyiduels et familiaux des migrations.
d) Motivations sur lesquelles s’appuient les stratćgies des agents recruteurs, des
employeurs et des gouveraements pour inciter les travailleurs tant k ćmigrer qu’i immigrer.
Pour ce qui est des rćglements relatifs aux migrations de travailleurs ćtrangers et des fonctions qu’elles remplissent, j’ćtudierai les questions suivantes :
a) Histoire des politiques, rćglementations et institutions gouvernementales,
tant dans les pays hótes que dans les pays d’origine.
b) Histoire, buts, activitćs (et eflfets de celles-ci) des organismes recruteurs
non gouvemementaux, tels que la Witwatersrand Native Labor Asso-ciation, la Natal Coal Owners’ Association et la Native Recruiting Corporation.