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la guerre maritime, chez les diverses puissances en gćneral et pour 1’Angleterre en particulier, prćsentas-sent un si touchant et si persevćrant respect du licite, que 1'humanitć et la morale n’auraient rien k y revoir.
Si lord Derby trouvait que 1’interet des puissances maritimes, et par consśquent celui de 1’Angleterre, n’ćtait pas suffisamment reprćsentd dans ce congr&s, il pouvait faire ses rśserves parfaitement justiflees k cet ćgard et deraander menie pour la guerre maritime le renvoi de la discussion k uu congres spćcial; mais je crois qu*il ue tardera pas k reconnaitre qu'il est allć beaucoup trop loin en paraissant youloir soustraire la guerre maritime k la lćgitime influence du ddveloppe-ment de la cirilisation, du progrbs des mmurs, et de celui de la raison publique.
La depeche du 4 juillet adressee par lord Derby k 1’ambassadeur d’Angleterre a Saint-Pćtersbourg n’etend pas il est vrai a la discussion do la guerre sur terre le velo prononcć contrę celle de la guerre maritime; mais il vient y apporter de graves restrictions.
L’Angleterre, d’aprfes cette depeche, ne s'opposerait pas en ce moment k l’exaraen de quelques points de dćtail sur les questions soulevćes par 1’śtat de guerre; toutefois elle est fermement rćsolue & ne pas prendre part k une discussion sur les regles du droit des gens, rkgles qui dśterminent les relations des belligćrants.
Elle n'acceptera pas non plus de nouveaux engage-ments modifiant les principes generaux admis jusqu’ici.
Si lord Derby s*ótait borne k faire les plus espresses rdserves sur cette question dćlicate et brillante du droit de belligerant, je ne saurais trop approuver sa haute prudence; mais il ne fallait pas iuterdire la libertć de discussion. C’est en temps de paix qu’il faut aborder de pareilles questions pour en ćtudier les ścueils, en approfondir les difficultds et rechercher les elements et les regles de leur solution.
V
LE DROIT DE BELLIGERANT.
Je reviens ici k la grave omission que j’ai dójśi re-prochće au projet du Gouvernement russe, qui, ne pouvant meconnaitre que le licite et 1’illicite devaient se rencontrer dans le but de la guerre aussi bien que dans 1'emploi de ses moyens, a eu le tort de ne pas s’expliquer sur la Ićgitimite de la guerre aYant d’arri-ver a celle de ses općrations. Si le projet avait nette-raent reconnu la guerre defensive comine la seulc legiłime; s’il avait dśclaró que le droit de la guerre n est que celui qu’a tout peuple de repousser par l'em-ploi de sa force collective, coinme tout individu par 1’emploi de sa force personnelle, une injuste agression, la question du droit de belligćrant serait bien simpli-fiśe; car ce droit doit appartenir a tout citoyen du sol envahi, dont le devoir est de defendre la patrie. Mais lorsqu’on parle du but de la guerre sans aucune dis-tinction entre l’envahisseur et 1'enYahi, sans aucune ligne de demarcation que Yienne indiquer la notion du droit et du devoir, onsejette dans un chaos qui ne permet pas de donner au titre de belligerant sa Yśritable signification.
J’ai toujours combattu le systfcme prussien du ser-vice militaire personnel obligatoire, parce qu’en temps