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l’espace d’une annśe, en sorte que la possibilitś qu’il ait travaillś aussi a son « Tśtraćyangile» n’est pas exclue; a. preuve le salaire qu’il rece-yait pour des prestations autres que celles a caract^re diplomatique. Par consśquent, cet argument ne rśsiste guere a une analyse attentive de l’ensemble des sources.
Ajoutons un autre aspect qui — d’apr6s notre opinion — plaide aussi pour faire accepter 1’identitć des personnages suggśróe par N. lorga. Dans le « Tćtraśyangile slavon» de 1546, ćditć par Philippe leMoldave, on trouve les plus remarquables xylograyures parues dans les ćditions roumaines du XYI-6me siścle. Pour apprćcier la yirtuositś de graphicien de Philippe de Moldavie, examinons la reproduction des armoiries de Sibiu (yoir fig. 12) qui est son ceuyre. Ce Philippe de Moldavie ćtait par consśquent un graveur c’est-a-dire, dans le langage usitś a l’ópoque, un peintre dćcorateur, un «maler» (en allemand = peintre), et c’est jus-tement pour cette raison qu’on l’avait surnommś a Sibiu Philippus Pictor ou Philippus Maler.
Arrivśs au terme de la prósentation des arguments en faveur de nos opinions concernant l’existenee a Sibiu, yers le milieu du XVI-eme siacie, d’une typographie dotóe de caract^res cyrilliques et le fait qu’elle a servi & Philippe de Moldavie, alias Philippus Pictor ou Maler, pour imprimer diffśrents ouyrages cyrilliques parmi lesquels le « Catśchisme roumain », nous tenons & souligner que les rćsultats obtenus tómoignent ainsi de l’existence dans notre pays de plusieurs centres culturels, en dehors de celui de Tirgovięte. Xous avons constató donc qu’une aetivitó culturelle roumaine de prestige se dóveloppait ćgalement en Transylvanie, notamment dans les villes de Sibiu et de Braęov, et que dans les conditions de l’ćpoque, elle ne se tenait pas en dehors des courants culturels euro-pśens comme furent la Renaissance et la Rśforme. Youloir considórer la vie culturelle roumaine a 1’ócart de ces mouvements qui traversaient le continent, ne pourrait que nuire au phónom^ne culturel roumain, en le vidant d’une riche partie de son contenu. Dans des conditions historiques concrćtes, a 1’intćrieur du pays, a pu se dćvelopper une culture nationale nettement distincte, ayant des traits spćcifiques et une individualitó certaine, tout en restant rśceptive a tout esprit de progrós signaló dans la culture europćenne. Cette culture roumaine qui s’estdistinguśe par une remarquable richesse au cours des XY-&me et XVI-£me siecles, autant qu’&> d’autres moments de son histoire, apparait donc comme un ślśment constitutif dans l’ensemble de la culture europśenne et s’est dóveloppee dans le contexte gćnóral de ce mouvement Continental.