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Outre la fluiditć des limites entre les deux genres, nous assistons pendant cette epoąue k une pratiąue tres rćpandue de confiision de termes. Ceci est une realite reconnue pour la culture occidentale5, que nous retrouvons ćgalement dans maints temoignages relatifs au cas grec modeme, qui ne sont pas toutefois demunis d’un souci de classification6. II me semble, par consequent, qu’on ne peut s’appuyer que sur deux facteurs essentiels: celui d’une typologie inteme, embrassant tant la thematique que la formę de la presentation, et celui de la frequence de la publication, voire de sa periodicite7.
En Europę, le joumal des Lumieres est avant tout «Ie relais des Iivres, un multiplicateur essentiel qui, par une rhetorique appropriće et pour un public specifique, celui de la Rćpublique des Lettres pour lequel il assume le role enu au XVIIe siecle par les correspondances,8 a vocation pour traiter d une matiere k la fois vaste (toutes les Sciences) et severement limitee par des exclusions proclamees ou non (spiritualitć, romans, brochures, theatre, toutes sortes d ecrits poIitiques trouvant selon le pćriodique une place plus ou moins comptee» 9.
Dans le contexte geographique du Sud-Est europeen 1 appantion de la presse periodique en langue grecque, vehicule d’un espritrenovateur par e cellence, denve precisement de Tesprit des Lumieres et mis a ses services cnstallise a un certain degre la trajectoire intellectuelle d’une societe en voie de modę Tłisation et reflete,
5 Daniel Roche ne fait que soule\cr a son tour ce probleme op cit.y p 101: «La preiniere [des difficultes] tient k Tindiffćrenciation mćthodologiąue du vocabulaire qu’on utilise (...) L'historien du joumal utilise generalemcnt les termes periodiques ou joumaux comme les plus commodes, mais il faut se demander quelles realitćs diverses rec uvrent c s mots, et si une terminologie plus complexe ne correspond pas a des distinctions plus pr'cis s de contenu et de forme».
6 Je releve Tusage du terme grec E(pr|pepu; dans le titre des revues, telles Melissa (L Ab llle)-
MśXioaa t| Ecpr||ieptę EXXr^vifT|. Comparez aux propos de Dem. Alexandr dis concemant son joumal EXXr|vtKÓę TrjAiypacooę (cf. k Anna Tabaki, «Le Tćlegr phe H 11 nique 1812-1836. Orientations et fortunę d’un joumal “politiąue, commercial et litteraire” dans le ud-Est Europeen > Communications grecąuespresentees au V*Congres International des Żtudes du Sud-Est Europeen, Belgrade, 11-17 septembre 1984, Athenes 1985, p. 262). Je renvoie ćgalement a ce qu’il expose Georges Aficentiadis Zoupaniotis (voir passim, op, ci/., p. 260, et ici plus loin notę 13). Enfln je retiens les opinions de Coray quant k la creation dłune presse pćriodique d^nformation p litique et littćraire: Ecpripepię nokmKOCpi?uoXoyucf| (“AoToaxe5ioi STOxaapoi” in nAOYTAPXOY, riapAXXr|>vOi Biot, Paris 1809, pp. Neanmoins, Coray emploie ćgalement le terme yaCera.
Cf. aux remarques de C.Th. Dimaras k sa Prćface au premier volume de la reproduction anastatique de Loghios Hermis, Athenes, ELIA,1988, p. r\\
7 Cette double distinction d’apres le contenu et d’apre2» la pćriodicitć est appliquee generalement. au domaine de la presse occidentale, qui, au XVIII* siecle utilise oncore, k tour de role, les deux termes «gazette» et «joumal» fonctionnant aussi k double sens. Voir, infra, la notę precćdente: aussi, Anna Tabaki, «Le Tćlegraphe Hellćnique;1812-1836. Orien ations et fortunę d*un joumal “politique, commercial et littóraire” dans le Sud-Est Europćen», Communications grecąues presentees au V Congres International des Źtudes du Sud-Est Europeen, Belgrade, liii septembre 1984, Athenes 1985, p. 263.
8 En ce qui conceme ćgalement Paire du Sud-Est europeen, nous devons preter attention au role considćrable assumć par la conespondance particulićre dans le Circuit de transmission de Tinformation. Cf\k C.Th. Dimaras, op. cit,
9 Daniel Roche, op, cit,y p. 100.