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BIBLIOGRAPHIE
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crise profonde dans les rapports entre Etat et societe civile. Dans cette pe Petude tente de montrer que le sentiment d’insecurite est un phenomene comp traduirait une reaction de peur face a la rupture d’un certain ordre social, de la crise des modes de regulation, dont les signes les plus visibles sont la deiinquance, le van-dalisme, mais aussi toute une serie de comportements, d'attitudes comme Pattrou-pement de jeunes dans certains lieux, des rixes sur la voie publique, des scenes de disputes familiales, d’ivresse...
Dans le cadre de cette recherche 1’auteur s’est centre sur 1’analyse des modes de regulation de ce phenomene d’insecurite, a partir d’une approche comparatiye, en fai-sant Phypothese qu’il n’existe pas un modę de regulation mais des modes de regulation lies a des perceptions et a des manifestations differentes du « sentiment d’insecurite ». C’est pour cette raison qu’il a ete accorde une attention particuliere a la dimension environnementale pour yerifier l’existence de modes differencies de regulation, en choisissant, notamment, des quartiers aux caracteristiques bien marquees aussi bien en matiere de bati, que de population appartenant a deux grandes agglomerations celles de Lyon/Venissieux en France et de Boston/Dorchester aux Etats-Unis.
L’auteur a travers Petude du fonctionnement de Pinstitution judiciaire et de la police a pu saisir la realite de cette crise des mecanismes traditionnels de reglement des conflits. En effet, ces deux institutions, pour des raisons multiples, connaissent de plus en plus de difficultes pour repondre a la demande sociale car ses moyens d’inter-vention se revelent de plus en plus inadaptes face a Pevolution et a la complexite des rapports sociaux. C’est surtout vrai dans les « quartiers defavorises » comme celui des Minguettes a Venissieux ou Pon mesure le mieux les efTets de cette desorganisation sociale, car Panalyse de la naturę des interventions de la police, a partir de Petude des mentions des « mains courantes », demontre que dans la tres grandę majorite des cas celle-ci est sollicitee pour gerer Pensemble de ces evenements, aliant du conflit familial, a Parrestation d’un voleur a la roulotte, en passant par le declenchement des « hurleurs ». Sur le plan quantitatif, cette activite de regulation de la police est impor-tante et Pon ne peut ignorer que le sentiment d’insecurite se nourrit le plus souvent de Paccumulation de ces petits eyenements qui desorganisent la vie sociale. Contraire-ment a beaucoup d’idees reęues, ce ne sont pas les meurtres ou les attaques de banques a main armee, qui sont les principaux vecteurs de ce sentiment d’insecurite, mais plutót la multiplication d’un certain nombre de petites infractions, comme les vols a la roulotte, a la tire, les actes de vandalisme... ou encore d’evenements a colo-ration plus ou moins penale comme les differends familiaux ou les attroupements de jeunes dans les aliees d’immeubles. On retrouve aussi une autre manifestation de ce sentiment d’insecurite dans ces 20 % d’interventions de la police qui sont qualifiees de « fausse alerte » dont une bonne part, si Pon excepte les declenchements intempestifs des systemes d’alarme, est motivee par le signalement de personnes ou vehicules pretendument suspects.
L’etude des statistiques policieres, et plus precisement des mains courantes, a per-mis de montrer, a partir d’une approche comparatiye, que la question de Pinsecurite est un phenomene complexe lie a des perceptions et a des manifestations differentes de ce sentiment d’insecurite en fonction des quartiers etudies. Ainsi contrairement a des idees reęues, le nombre d’infractions constatees pour Pannee 1986 dans le 2e arrondissement (7883) est deux fois superieur a celui enregistre a Venissieux (4529) alors que la population est deux fois moins importante. Dans le meme sens, s’il existe des differences notables d’une ville a une autre comme par exemple le grand nombre d’interventions de la police pour des differends familiaux a Venissieux qui s’elevent a 20,5 % de Pensemble des mentions en « mains courantes » contrę 9,6 % dans le 2* arrondissement de Lyon, ces resultats globaux doivent etre aussi interpretes avec pru-dence. En effet, Petude selon « les ilots policiers » montre que la situation pouvait va-rier dans de fortes proportions d’un quartier a un autre au sein d’une meme agglomera-tion. De meme, des donnees quantitatives peuvent dissimuler des realites differentes, ainsi a Lyon un peu plus du tiers des yictimes resident dans le deuxieme arrondisse-
Rev. sciencecrim. (3), juill.-scpt. 1990