9 LES SARCOPHAGES ROMAINS DE DOBROUDJA 277
quer Pabsence des sarcophages a decor de guirlandes dans les rćgions du Bas-Danube, alors que ce motif y śtait rćpandu par ailleurs. II est vrai que le sarcophage n° 33 fait partie de cette catśgorie et qu’il reprśsente eertainement une production loeale, d’ou l’on- peut dśduire qu’il a du exister des modeles ou des exemplaires d’importation. N’empeche qu’il s’agit d’un exemplaire unique et que les guirlandes y sont soutenues par des Victoires, et non pas par des bucranes. En echange, le motif des guirlandes soutenues par des Yictoires n’a pas connu une bien grandę diffusion : il n’apparait sur aucun autre groupe de monuments funćraires 29.
Parfois les sarcophages sont ornes d’angelots ailes, endormis, la tete appuyśe sur une main et 1’autre main tenant une couronne (n° 37). Ce type, dont l’origine remonte a l’art heltónistique, a etó adoptś par la sculpture funćraire comme symbole du sommeil śternel. En śchange, la couronne qu’un enfant tient entre les mains est le symbole de 1’im-mortalitó, du triomphe sur la mort30, ce motif exprimant ainsi ce qu’il y a de plus proprement humain dans les rćactions de 1’homme face a la mort : la resignation et 1’esperance. Sur notre sarcophage, les angelots sont reprćsentós sur les acrothres. Du point de vue du style, il s’agit
d’une interprćtation provinciale d’un type que les Romains ont hćritó de l’art hellenistique. Sur un autre sarcophage (n° 15), le módaillon central de la face antórieure est portś par deux gćnies funćraires, mais ceux-ci n’ont plus rien de la grace des angelots et, s’ils portent encore des ailes, ils ont des corps d’athletes. Cette ćvolution du type de 1’óros funśraire est gćnśrale dans 1’Empire romain.
Un autre ćlćment qui figurę dans le rćpertoire de la symbolique funśraire de la Mćsie Infśrieure est le lion ayant une patte posće sur la tete d’un taureau, parfois d’un agneau (n0B 7, 11). Ce motif est en liaison avec celui du lion, symbole de la puissance, qui met en pi&ces un animal domestique, exprimant de la sorte 1’idće de la mort inexo-rable 31. Dans riconographie du motif tel qu’il apparait sur nos monuments, il s’agit d’une image hiśratisśe, mais le sens en est le meme, aussi le dćsignerons-nous du terme de lion tauroctone. Ce motif a ćtó pris a l’art oriental par les Grecs, qui Pont transmis a leur tour a Part romain, oh il figurę assez frćquemment sur les monuments funó-raires, les steles funeraires, plus rarement sur les sarcophages, enfin sur les grands autels du nord de PItalie, ou les lions sont sculptós en
28 Un seul petit autcl funeraire mis au jour a Histria est dćcorć de bucranes soutenani une guirlande. L'autel est executć de maniere fort primitive. Voir Gabriella Bordcnache, ♦ Dacia •, N. S., V (1961), p. 210, fig. 27.
30 F. Cumont, Recherches sur U symbolismc funćrairt des Romains, Paris, 1942, p. 409.
31 Giovana B. Montanan, RIASA, VIII (1959), p. 137.