Sociologi* de TenfanceZ Contes et rćver$ibifrtć symbolkjuc: une approche interoctionniste
La rćversibilitć virtuellement gćnćratrice de chaos, grace & des rćgula-tions sur lesąuelles ił n’est pas possible de s’ćtendre ici (Petitat 1998), donnę naissance £ un ordre dynamiąue des postures interactives. Uintelligibilitć de nos dynamiąues relationnelles et de nos potentialitćs posturales devient alors possible, et cette intelligibilitć trouve aussi & s’appliquer aux contes, vćri-tables mises en sc£ne des potentialitćs de notre espace de rćversibilitć. Cette dćmarche n’op£re aucune rćduction du contenu & ła formę, comme nous y invite Lćvi-Strauss, pour rapporter le contenu apparent & une logiąue d’op-positions formelles qui serait sous-jacente et commanderait les transforma-tions du sens. Nous dćlaissons aussi la logique strictement narrative, celle qui ne considfcre que les produits du discours. Nous oublions encore, dans un premier temps, la haute densitć symbolique des contes, pour postuler qu’il existe une logique interactive du conte qui appelle une analyse propre.
Si, comme je le pense, il existe une cohćrence generative dans le fouillis des postures interactives, le travail d’interprćtation symboliste, struc-tural, narratologique et psychanalytique devrait trouver avantage a s’appuyer sur ce premier niveau, plutót que de proceder de faęon autonome en plon-geant demblće a des niveaux plus profonds. L’universalitć des postures inter-actives appelle partout une symbolisation relativement stable, variable selon les grandes zones d’influence culturelle; les echanges symboliques entre intć-rieur et exterieur impliquent des oppositions symćtriques (donner/prendre, donner/recevoir, cacher/dćvoiler, parler/ćcouter...) ; les jeux de la reversibi-litć symbolique alimentent en permanence 1’ćrosion et la creation des formes sociales, et cette contribution & 1’historicite entre en rćsonance avec la theo-rie du recit comme thćorie de la transformation; enfin, l’ouvenure/fermeture a autrui devient souvent metaphore de l’ouverture/fermeture a soi-meme et rejoint ainsi la psychanalyse comme “conte” des conflits psychiques. II faut donc voir le conte comme un feuilletć a plusieurs niveaux possibles de signi-fication, entre Iesqueis la rćversibilitć virtuelle des interactions pourrait jeter des ponts jusqu’ici singuliferement absents.
Lang (1886), dćj& au siede demier, ćtait fascine par le caractere “sau-vage et absurde" des mythes, remplis d'aventures “infames et ridicules”, de metamorphoses contrę naturę, dadultfcres, de meurtres, de viols et de canni-balisme. Les contes, sous une formę moins tranchće, accueillent aussi cet envers du monde, ces possibles impossibles, combattus, refoulćs et dćsires. Et c’est a ce titre que ces recits exercent leur role pedagogique le plus profond: non pas comme fixation des interdits et leęons de morale, mais comme voyages symboliques dans les virtualitćs de la rćversibilitć, comme initiation aux postures les plus folles, les plus sages et aussi les plus destructrices, pour ensuite exorciser les virtualitćs jugees dangereuses.
Śducation et Socićtćs
n* 3/1999/1