1-1-3) Morphologie regionale
La zonę cótiere guineenne se caracterise par l'extension, unique en Afrique, du plateau Continental, dont la largeur est comprise entre 120 et 200 km (DOMAIN & BAH1994). La pente de ce plateau est tres faible; ainsi au large de 1'embouchure de la Fatala, 1'isobathe -20 m se rencontre a 30 km en mer. Ceci provoque entre autres une onde de maree de forte amplitudę, de 1'ordre de 3,5 m (CAMARA et al. 1988, MARCHAL 1960), amplitudę croissante a mesure que 1'onde remonte l'estuaire. Dans ces estuaires 1'onde de maree est generalement asymetrique (DIOP 1990), le flot etant plus court de 15 a 30 mn que le jusant (obs. pers.), ce qui caracterise un fonctionnement estuarien "normal" (DAY et al. 1989).
Le littoral guineen se caracterise donc par une frange saumatre etendue, des apports terrigenes importants, une forte amplitudę maregraphique et une cóte a faible energie du fait d'une position intermediaire entre les domaines d'action des houles de l'Atlantique Nord et Sud (GUILCHER 1954). La conjontion de ces facteurs cree les conditions favorables au developpement d'une mangrove (SNEDAKER & SNEDAKER 1984). Cette mangrove est effectivement tres developpee sur le littoral guineen, ou elle occupe 270 000 ha, en remontant a plus de 50 km a 1'interieur le long des fleuves (CCE-SECA 1990). Ceci fait de la mangrove guineenne une des plus etendues du continent africain, apres celles du Nigeria et du Senegal (d'apres
SAENGER & HEGERL1981).
Cette mangrove definit un biotope particulier, surtout du au developpement de son systeme racinaire epigee (pneumatophores), dont 1'enorme surface developpee est colonisee par une epiflore algale et de diatomees (RODRIGUEZ & STONER 1990 ; ALONGI et al. 1989). Ces pneumatophores contribuent egalement au ralentissement des courants de maree, et offrent aux juveniles a la fois abri et source d'alimentation (PRINCE JEYASEELAN & KRISHNAMURTHY 1980, THAYER et al. 1988, SASEKUMAR et al. 1992).
Avec des valeurs de l'ordre de 2500 g/m2/an (WHITTAKER & LIKENS 1973, CHRISTENSEN 1978), la mangrove figurę parmi les milieux les plus productifs au monde (RICKLEFS 1990) et si la production vegetale n'est pas immediatement consommee par la faunę estuarienne (FLEMING et al. 1990), sa degradation et sa regeneration permettent un transfert de nutriments au compartiment phytoplanctonique (ALONGI 1990, MORAN et al. 1991).
On considere donc generalement que cette biocenose estuarienne et mangrovienne est essentiellement basee sur une chaine detritique, ou les crevettes et les decapodes jouent un role majeur en tant que detritivores, bioturbateurs et proies (ODUM & HEALD 1972; WELLS 1984; ALONGI 1989).
C'est dans ce contexte que s'inscrit le milieu retenu pour notre etude, avec des specificites que les paragraphes suivants s'attachent a detailler.
I: Prćscntntion generale.
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