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F. Schlegel fait observer que la poesie plus recente se distingue par une forte preponderence de helement caracteristique, indivi-duel et interessant, puis qu’elle tend infatigablement a s’assimiler tout ce qui est nouveau, piquant ou frappant. Voila le sujet de son traite qui ne fait que developper ces idees.
L’analyse penetrante de la notion de Tinteressant qu’entreprend Schlegel, puis la distinction assez fine des tendances litteraires se manifestant a cette epoque, pourraient s’appliquer egalement a cer-tains courants litteraires tout a fait recents, qui visent a la sen-sation. Un element encore merite de retenir Tattention dans la definition de 1’interessant, vu qu’il donna naissance a une nou-velle categorie, significative pour la vie litteraire de ce temps: c’est le ternie »caracteristique«. En effet, Frederic Schlegel con-sidere la predominance du caracteristique comme un des traits saillants de la poesie moderne.
Le probleme de l’arfc caracteristique, dans la poesie comme dans la plastique, que F. Denk a etudie dans la these de docto-rat qułil a sontenue en 1913 a Munich, interessait vivement toute la generation des contemporains de la »periode d?effervescence litteraire« (»Sturm und Drang-Periode«). II devint une des actu-alites de 1’heure, du moment ou 1JAllemand A1 o y s i u s H i r t, eminent historien de l’art, publia en 1797 un article sur le La-ocoon dans la revue »Horen«, article dans lequel il affirmę con-trairement a 1’opinion de Winckelmann, que le trait essentiel de 1’art antique ne reside pas dans le beaute mais git dans le »ca-racteristique«. Dans lłexcellente nouvelle critique, intitulee »Der Sammler und die Seinigen«, Goethe a combattu les idees de Hirt. Tout en ayant une tres haute opinion de Hirt et quoiquJil recon-naisse Timportance de 1’element caracteristique, Goethe ne reclame pas moins que le sujet d^ne oeuvre d?art s?inspire de quelque chose de typique et d’eternel.
Les idees de Hirt etaient visiblement une reaction contrę le culte trop exclusif de la beaute de la formę. Un poete de la pe-riode de Tefferyescence litteraire, notamment Frederic Muller, appele generalement Mai er Miii 1 er, qui avait fait siennes les opinions de Hirt et les defendait avec żele, publia une sorte de lettre ouverte dans le meme volume du periodique »Horen«, fonde par Schiller.
A cóte de la categorie de l7»interessant«, celle du »caracteri-