Voyagc a iravcrs Ics campagncs dc la Gaulc romainc 227
par Alain FERDIERE
32 — Prospection systematique et Occupation du sol
Quelques publications recentes apportent de nou-veaux elements au debat, qui merilent d'etre signa-les.
II s'agit toul d'abord dc notre region : un sccteur du Berry, autour de Levroux, prospecte systemati-quement par n. mills (ct ai., 1988) : prospection par echantillonnage, sur deux terrains differents, la Champagne berrichonne d’une part, le Boischaut nord d'autre part (pour la periode gallo-romaine : voir p. 72-75 et 90-93 ; cartes figs. 61-62).
On a dit ailleurs (Mills, 1986 : discussinn) les proble-mes que pose ce type d^chantillonnage par tirage au sort des carres prospectes, occasionnant des concentrations de zones prospectees et des lacunes importantes : un echantillonnage prospectant un carre sur deux, ou sur quatre, voire moins, mais systematiquement, nous parait preferable.
Deux choses ici paraissent etonnantes : tout d’abord Pabsence de sites gallo-romains occupes au Bas-Empire (cf. p. 92-93) (bien que le tableau Fig. 49 en fasse apparaitre un). On peut se demander si les cri-teres de datation de la ceramique et autres fossiles directeurs sont bien ici pertinents, comme le soup-ęonne d'ailleurs Pauteur (p. 93). On aimerait par exemple savoir quels elements ont permis de re-connaitre une occupation au III1 s. sur certains sites, les ceramiques de cette periode etant precisement particulierement delicates a identifier.
D’autre part, la faiblcsse de la densite des sites gallo-romains dans cet echantillon : pour le Boischaut d’abord, 1 site pour plus de 150 ha prospectes (313,5 ha prospectes systematiquement au total), et meme pour la Champagne : 1 site pour pres de 100 ha (pour les 1 386 ha prospectes). Ces chifTres sont tres inferieurs a ceux obtenus dans des conditions comparables de prospection sur la commune de Lion-en-Beauce (FERDIERE, 1982.52), soit 1 site gallo-romain pour 29 ha (sur les 699 ha de la commune), plus de 3 fois plus. Ils sont encore assez inferieurs a ceux obtenus sur un territoire comparable au Berry, sur le tracę de 1’autoroute A.71 (FOURTEau, i986;voir fig. 7): selon les terroirs, 1 site gallo-romain pour 20, 33, 50 ou 100 ha ; mais il est a noter que ce dernier chiffre, tres comparable a celui de la Champagne berrichonne du canton de Levroux, est precisement celui obtenu sur la Champagne nord, au sud de Bourges, aux sols peu epais (renzine).
Le second exemple est une etude plus intensive menee sur une commune du Maine-et-Loire, Blou (Zadora-rio. 1987): sur les 300 ha systematiquement prospectes ici, 5 sites gallo-romains (cf. p. 25-32 et carte Fig. 10) ont ete decouverts, soit 1 site pour 60 ha, chifTre somme toute moyen par rapport a ceux cites plus haut sur la Beauce et le Berry. Un site au moins est ici occupe au Bas-Empire, voire au Haut Moyen-Age. En outre, cette experience angevine pose Timportante question de Pevolution de Poccupalion du sol, et notamment du passage de PAntiquite au Moyen-Age, aspect mai perceptible dans le canton de Levroux (ci-dessus).
La troisieme contribution est differente, concer-nanl la region de Beaucaire, dans le Gard (Favory. FICHES Cl GIRARDOT. 1987/88) : il nc s’agit plus des TĆ-sultats d’une prospection systematique, mais d’un essai dłinterprćtation des donnees archeologiques classiques concemant les sites gallo-romains, et de hierarchisation de ceux-ci, mettant en oeuvre un ou-tillage statistique et informatique.
Cette question de la hierarchisation des sites ru-raux gallo-romains est en efFet essentielle, meme si particulierement delicate a apprehender; le travail de N. mills sur le canton de Levroux (ci-dessus : 1988. cf. p. 92) presente dailleurs une tentative dans ce sens (cf. encore par ex. : potter, 1986; leveau, 1986).
Les criteres de hierarchisation choisis ici pour le Beaucairois (cf. p. 69-71) nous paraissent tout particulierement interessants, et pertinents (malgre les dif-ficultes de lecture dues a un parti-pris d’usage d’un vocabulaire technique parfois ardu). II serait tout a fait instructif d’appliquer une telle procedurę a des ensembles de sites plus importants, et surtout plus Fiables, acquis selon une demarche plus systemati-que. Car - et cłest la la lacune essentielle de cette etude, independante d’ailleurs de la volonte des au-teurs (cf. p. 67) - il s’agit ici de donnees heteroclites fournies en partie par des prospections non syste-matiques, en partie par la bibliographie, parfois anciennes, etc... Les precautions — nombreuses — prises par les auteurs pour eviter les conse-quences de cette heterogeneite sont-elles alors suf-fisantes ?
On peut en tout cas se demander si, des lors, la misę en oeuvre d’un appareil statistique et informa-tique relativement lourd n’est pas disproportionnee a Pampleur des donnees, dont la fiabilite n'est pas assuree a 100 °/o : 43 sites pour 41 caracteres, soit 1 763 donnees a traiter, chiffre il est vrai assez eleve.
De telles experiences n'en restent pas moins ex-tremement enrichissantes, si Pon veut faire avancer