Voyagc a iravcrs Ics campagncs dc la Gaule romainc 231
41 — Couvert \egetal et palynologie
Pour les periodes relativement recentes (Subat-lantique) qui nous occupent, les resultats des en-quetes polliniques sont souvent decevantes.
Trop souvent, la problematique definie, ou les in-formations recueillies en la matiere, ne permettent d’aborder la question de renvironnement vegetal qu'en terme de boisement/deboisement, nous lais-sant insatisfait en ce qui concerne Papparition et la disparition des especes cultivees, Pevolution interne des cultures, les fluctuations fines du couvert vege-tal naturel.
Deux etudes recentes sont a signaler a ce titre. La premiere concerne Pevolution du boisement du Massif Central depuis la Prehistoire (PONS, 1987). Les donnees sur les periodes recentes y sont malheureu-sement peu nombreuses : seule la tourbiere de Lan-dos, en Velay (Haute-Loire) a livre des informations pour la periode romaine, ou Ton assiste bien & la misę en place d'une exp!oitation intense du pays (p. 9 et fig. 4).
Les documents sont plus nombreux pour le Nord de la Gaule Belgique (MUNaut. 1988). car Pauteur y a utilement compare, sur une vaste zonę geographi-que, les donnees palynologiques fournies par des sediments archeologiques d'une part, et des tour-bieres de 1'autre, pour une periode aliant du debut de PAge de Fer a la fin du Bas-Empire (37 sites, clas-ses en 4 periodes). II y apparait clairement que, au moins des Pepoque de La Tene, la region est, a quelques rares exceptions pres, largement deboi-see : on est loin de la notion de « peuples fores-tiers » de la Gaule Belgique souvent evoquee...
Mais il est aujourd’hui temps qu’un nouveau dia-logue s'instaure, entre historiens et archeologues specialistes des periodes de PAge de Fer, gallo-romaine et medievale, et les palynologues, afm de redefinir les problematiques, les interrogations historiques pertinentes en la matiere, et par consequent les procedures a mettre en oeuvre pour repondre a ces questions.
42 - Vici - (cf. notice n° 31 : R.A.C., 26, 1987).
Les agglomerations secondaires (vici et autres) de
Belgique (cf. vankenne. 1976, tres depasse ; brulf.t. 1985 b), font depuis longtemps Pobjet de recherches et de publications, que Pon se prend a envier en France.
La publication systematique de fouilles anciennes menees sur ces sites a ete entreprise par PUniversite de Louvain, a Pinitiative de r. brulht. Recemment, de vastes secteurs de deux grands vici belges ont ainsi fait Pobjet d'importantes etudes : Braives (BRU-LF.T. 1981; 1983; 1985 a) et LiberchieS (BRULET. 1987).
Une question particulierement delicate et encore mai cernee est la relation entre ces agglomerations et le tissu d'exploitations agricoles contemporaines (villae, etc...) : cette question est notamment abor-dee par van ossel (1985. 159-160) a propos de sites (Lens-St-Remy) proches du vicus de Braives : ici, comme ailleurs semble-t-il eh Gaule Belgique, la proximite des fermes gallo-romaines ne permel pas d’imaginer a ces vici une fonction agricole, mais bien essentiellement artisanale et commerciale, religieuse, voire administrative. L’etude de von petrikovits (1977. 125-133) reste tres suggestive a ce propos.
43 — Bas-Empire
L'etat de Poccupation du sol, Pevolution de Phabitat rural gallo-romain a partir des crises du II1C siecle et des premieres grandes vagues d’invasion, restent des interrogations encore mai comblees.
On dispose maintenant, pour le Nord de la Gaule (Belgique) d’une interessante synthese sur la ques-tion (Van ossel, 1987 ; cf. 1986). L’auteur avait d’ailleurs deja assez largement aborde le probleme precedem-ment, a propos de la seule Hesbaye liegeoise (van OSSEL, 1983).
La proportion de sites ruraux abandonnes au IV1 s., ou au contraire dont Poccupation se poursuit alors, est assez variable d’un secteur a Pautre de la Gaule septentrionale, les regions les plus au Sud et - curieusement - a PEst, paraissant les moins tou* chees par cette recession.
Mais seuls les secteurs ou les recherches, prospec-tions et fouilles systematiques ont ete realisees peuvent veritablement permettre des conclusions solides a ce titre, fondees sur des chiffres relative-ment fiables.
Et les destructions eventuellement dues aux inva-sions semblent en fait peu attestees; certains abandons sont d’ailleurs deja effectifs dans la premiere moitie du IIIC s., et il faudrait sans doute evoquer la crise economique et sociale de la fin du IIC s.
En outre, dans certains cas, cette occupation tar-dive n’est apparemment qu’une « squatterisation », des installations sommaires prenant place dans les ruines de la villa du Haut-Empire.
Des observations similaires ont par exemple ete faites dans PYonne (cf. ci-dessous, notice n“33:
PERRUGOT, 1984. 33).
II apparait globalement que, sans etre en rupture totale avec ce que Pon observait durant la Pax Romana, Poccupation du sol du Bas-Empire denote des changements profonds - et pas seulement quantitatifs - par rapport a cet etat anterieur: chan-gement d’economie, regroupement, etc..., toutes transformations qui annoncent le modę d’occupa-tion du sol du Haut Moyen Age.