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252 RACF 39.2000

clairement distinctes : la partie residentielle (pars urbana) d’une part, et la partie d’exploitation (pars rustica) de 1’autre; c) elle doit etre enfin pour Fes-sentiel (ou du moins pour les batiments residentiels) construite “en dur”, k “la romaine”, c’est-a-dire en pierre, terres cuites architecturales (briques, tegulaeimbrices...). II s’agit en fait d’une definition “archeologique”, pratiąue, essentiellement destinće a ćviter que le mot ne soit utilisć k toutes les sauces, pour qualifier n’importe quel type d’installation rurale, voire une simple concentration de tessons et de tuiles gallo-romaines de nos campagnes. La villa est aussi pour moi exclusivement rurale et se differencie donc de la domus urbaine (LEVEAU et al.: 3). Ces auteurs, s’appuyant sur les contextes d’utilisation du mot dans les textes antiques, se demarquent de ma definition essentiellement en deux points : tout d’abord, pour eux, la villa peut n’etre qu’une residence, sans partie productive; sur ce point, dont acte..., mais on n’a encore jamais k ma connaissance reconnu en Gaule de telles villae strictement residentielle; en outre, pour ces auteurs, les productions de la villa ne doivent pas etre limitees au strict domaine agricole : je ne peux que partager ce point de vue, dans la mesure d’une part Ob j’ai toujours utilisć en la matiere le terme d’agriculture au sens large, incluant notamment bien sur Felevage, mais aussi le cas echeant l’exploitation des ressources de la mer ou des rivi&res (peche...), ou celles de la foret (bois, chasse...); dans la mesure d’autre part oli je n’ai jamais exclu la production d’ob-jets manufactures, notamment destinćs k la vente a Fexterieur, de Fćconomie de la villa : c’est meme un point sur lequel j’ai tout particulierement insiste dans un recent article (FERDIĆRE I998a): la possibilite pour certains domaines, certaines villae> de s’ouvrir a de telles productions (matieres premieres, artisanat...), voire de s’y specialiser (cf. ici notę n°132).

123. Monographie de villa. - (cf. mes notes n° 24, 1987; n° 109,1998).

C’est une tres belle monographie que constitue la Th&se de Doctorat que Christophe Pellecuer vient de consacrer a la villa des “Pres-Bas” a Loupian (Herault), dont il a rćalisć la fouille durant de nom-breuses annćes (PELLECUER 2000). L’etude de son envi-ronnement, de son domaine n’est pas negligee, dans une conception peut-etre parfois un peu “gćnereuse” (cf. ici notę n° 121). II faut souhaiter que ce travail, tres remarquable, soit rapidement publie, car il serait vraiment temps que Fon puisse disposer, sur la Gaule et notamment sa moitić sud, d’une monographie serieuse de fouille d’une villa qui soit un peu plus recente que celle de Montmaurin (FOUET 1969), il y a plus de tren te ans! On notera, k Loupian, Fimportance de la viticulture (cf. ici notę n°130), perceptible par le volume des chais comme par Fatelier de production d’amphores associe au domaine. La presence de cet atelier de potier, qui produit aussi d’autres ceramiques, k Finterieur du fundus nous renvoie aussi a la question de Fartisanat domanial (cf. ici notę n°132).

124. Question de vocabulaire : la “ferme indigene”. - (cf. mes notes n° 16,1985; n° 34,1988; 88,1996).

S’il est un terme qui devrait etre dćfinitivement banni des publications et du vocabulaire des archćolo-gues, c’est bien celui de “ferme indigene”, tant il sous-entend des notions le plus souvent bien eloignees des realites que Fon veut qualifier. Certes, le mot “ferme” peut etre maintenu pour dćsigner une exploi-tation agricole au sens large, car c’est bien le sens qu’il a acquis dans le langage courant, meme si a Forigine il designait un statut d’exploitation particulier, le fermage, de la fin du Moyen-Age et de Fepoque modeme. Mais le qualificatif “indigene” comporte une connotation k la fois chronologique (La Tene...) et culturelle (Celtes, Gaulois), le plus souvent hors de propos. Parlons, selon les periodes, de fermes gauloi-ses ou de fermes gallo-romaines... Pour cette demiere epoque, le terme “ferme indigene” est en effet parti-culidrement genant, meme si Fon veut se demarquer du mot “villa” (cf. ici notę n° 122), car on Futilise pour qualifier des sites ruraux construits pour Fessen-tiel en materiaux “legers” (bois et terre), avec syste-mes fossoyds, comme s’il y avait une civilisation gau-loise du bois s’opposant a une civilisation romaine de la pierre! Et ce d’autant plus que les fouilles de grandę surface montre de plus en plus souvent que nombre de ces sites sont construits de maniere mixte, en pierre ou en bois, voire les deux, selon les batiments. Roger Agache, Finventeur de ce terme en France (en fait transposition de Fanglais “native farm”) etait d’ailleurs lui-meme deja revenu sur ce terme et ce qu’il induit (cf. notę n° 76, 1993). L’exclusion de ce vocable devrait notamment etre impćrative quand il s’agit de plans d’edifices ruraux connus seulement par prospections aeriennes, sans connaissance detaillee de leur chronologie.

Heureusement, de rćcents travaux, important, sur les fermes et exploitations agricoles de la Gaule inde-pendante evitent en generał ce terme ambigu : c’est le cas de deux remarquables ouvrages rćcemment parus, Fun sur FUe-de-France, Fautre sur le nord de la France (BUCHSENSCHUTZ, MENIEL 1994; MARION,



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