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monter au coucher du soleil sur la plus grandę dune, sur l'Brg geant, et regarder s'allumer les messbih, les flambeaux a huile que la piete des Souafa allume pres des tombeaux.^2W

Des 1'aube quand, au loin le djebel Aures s'irisait de lueurs diaphanes, Yasmina sortait de son humble gourbi et s'en allait doucement, par la plaine, poussant devant elle son maigre troupeau [...]. Ainsi, d’aurore radieuse en crepuscule melancolique, la petite Yasmina avait vu s'ecouler encore un printemps, tres semblable aux autres [...]. Yasmina rentrait avec ses betes, remontant vers Timgad illuminee des demiers rayons du soleil a son declin.

Ce gout pour ce qui est sur son declin est du, selon Buisine, a la serie de disparitions des membres de sa familie et surtout a la mort de sa mere qui traumatisaient la jeune artiste et la poussaient a une recherche obses-sionnelle de 1'autre, et a sa volonte de devenir une autre ou un autre (pour se fiiir elle-meme); d'ou cette perpetuelle hesitation entre la vie mouve-mentće, nomadę, et 1'immobilite, la sedentarite. La melancolie de Yasmina, heroine de sa nouvelle, trouve son origine dans le paysage.

De la grandeur morne de ces lieux (son enfance s'etait ecoulee la, dans les ruines grises, parmi les decombres et la poussiere d'un passe dont elle ignorait tout), elle ąyait pris comme une surcharge de fatalisme et de reve. Etrange, melancolique, entre toutes les filles de sa race : telle etait Yasmina la Bedouine.²⁹¹

Les heros eberhardtiens sont soumis a 1'espace qui conditionne leur comportement, influe sur leur caractere et leur personnalite; l'investisse-ment romantique des heros d'Eberhardt est bien evident; meme le decor avec un arc de triomphe, ou un amphitheatre

aux gradins recemment deblayes, un forum silencieux, des voies desertes, tout un squelette de grandę cite defunte, toute la gloire triomphante des cesars vaincue par le temps et resorbee par les entrailles jalouses de cette terre d'Afrique qui devore lentement, mais surement, toutes les civilisations etrangeres ou hostiles a son ame²⁹²

est un paysage de ruines, ici de ruines romaines qui deviennent un echo de la modę romantique, mais en meme temps les traces des civilisations ante-rieures non-indigenes, ce qui complique un peu le caractere exceptionnel-lement indigenophilc de la silhouctte d'Eberhardt qui, en utilisant des

^2Kł I. Eberhardt, Sous le Jonf>, op. cii., p. 177. ^2,0 I. Eberhardt, Yasmina, op. cii., pp. 94-95.

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Ibid., p. 94. ^2,2 Ibid.