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d'imbecillites au ciel [...], ii jurę un coup, enl£ve son cheval, suit la ligne de defense, pose des sentinelles aux points d'eraillure. [...] Le colon (Jos Lavieux) [...] admoneste en arabe ses hommes, leur promet bon repas et bon salaire.387
ceme presque toujours les colons. Certainement la comparaison du roman de Randau avec la prose de Bertrand aboutit a la conclusion que Randau accorde plus de place ś 1'autochtone dont 1'absence dans Le Sang des Races se montrait presque chronique. Nćanmoins le cóte anthropologique portant sur la culture, la creation artistique et les moeurs est plus que modeste. Nous avons montrć (dans les paragraphes precedents) comment Mohammed, le mekhrazeni, le compagnon de route de Jos Lavieux et de sa familie qui se rendent chez le caid, reste predispose a la magie et aux sorciers de Ratene. Ce qui etonne dans cette sequence narrative, c'est une tonalite occulte la ou une ambiance musulmane ne serait pas deplacee. Les elements de la religion et de la culture musulmane surgissent dans des descriptions dont la fonction est plus omementale que mimetique ou mathesique:
Les debris d'un fort aboli dominaient la citć emprisonnee entre la mer et Phemicycle des pies berberes. D'une gorge mordoree fluait, paresseux, un oued verdatre. Le minaret de la mosquee neuve dressait sa svelte elegance dans la brise qui parfumait les villas. Les jardins dans le val se baisaient aux arbres.3*8
Le minaret de la mosquee, element permanent de l'univers musulman, se trouve inscrit dans un beau paysage de Ratene dont la description est expressive vu 1’effort de 1'auteur de presenter le personnage qui entre en premier sur la scene : Helene qui reve accoudee a la balustradę de la veranda. La presence du minaret repond au besoin d'informations de la part du lecteur qui voudrait situer 1'action de ce roman; il n'y a pas de doutes, on se trouve dans un pays ou l'on pratique 1'Islam. La seule infor-mation concrete portant sur cette tracę de la religion musulmane est le fait que la mosquće est neuve, donc construite probablement a l'epoque de la prćsence franęaise en Algerie, ce qui pourrait etre une preuve de la tole-rance religieuse manifestee par les Franęais dont nous avons deja parle et de la ferveur religieuse des musulmans qui edifient des mosquees neuves.
Les Colons de Randau est aussi un roman sur le systdme de 1'admini-stration coloniale en Algerie qui laisse beaucoup a desirer, ainsi on est
U1 R. Randau, Les Colons, op. cit., pp. 202-203. Ibid., p. 16.